Les fables Livre 11

Fables Jean de la Fontaine

C’est ainsi que ma muse, aux abords d’une onde pure
Traduisait en langue des Dieux
Tout ce que disent sous les cieux
Tant d’êtres empruntant la voix de la nature.
Trucheman de peuples divers,
Je les faisais servir d’acteurs en mon ouvrage;
Car tout parle dans l’univers;
Il n’est rien qui n’ait son langage:
Plus éloquents chez eux qu’ils ne sont dans mes vers,
Si ceux que j’introduis me trouvent peu fidèle, Lire la suite...
Une souris graignait un chat
Qui dès longtemps la guettait au passage.
Que faire en cet état? Elle, prudente et sage,
Consulte son voisin: c’était un maître rat,
Dont la rateuse seigneurie
S’était logée en bonne hôtellerie,
Et qui cent fois s’était vanté, dit-on,
De ne craindre de chat ou chatte
Ni coup de dent, ni coup de patte.
“Dame souris, lui dit ce fanfaron,
Ma foi, quoi que je fasse,
Seul, je ne puis chasser le chat qui vous menace: Lire la suite...
Les filles du limon tiraient du roi des astres
Assistance et protection:
Guerre ni pauvreté, ni semblables désastres
Ne pouvaient approcher de cette nation;
Elle faisait valoir en cent lieux son empire.
La reine des étangs, grenouilles veux-je dire
(Car que coûte-t-il d’appeler
Contre leur bienfaiteur osèrent cabaler,
Et devinrent insupportables.
L’imprudence, l’orgueil, et l’oubli des bienfaits,
Enfants de la bonne fortune,
Firent bientôt crier cette troupe infortune: Lire la suite...
Il ne faut jamais dire aux gens:
” Ecoutez un bon mot, oyez une merveille.”
Savez-vous si les écoutants
En feront une estime à la vôtre pareille?
Voici pourtant un cas qui peut être excepté:
Je le maintiens prodige, et tel que d’une fable
Il a l’air et les traits, encor que véritable.
On abattit un pin pour son antiquité,
Vieux palais d’un hibou, triste et sombre retraite
De l’oiseau qu’Atropos prend pour son interprète. Lire la suite...
Il ne faut point juger des gens sur l’apparence.
Le conseil en est bon; mais il n’est pas nouveau.
Jadis l’erreur du souriceau
Me servit à prouver le discours que j’avance:
J’ai, pour le fonder à présent,
Le bon Socrate, Esope et certain paysan
Des rives du Danube, homme dont Marc Aurèle
Nous fait un portrait fort fidèle.
On connait les premiers: quant à l’autre, voici
Le personnage en raccourci. Lire la suite...
Mais d’où vient qu’au renard Esope accorde un point,
C’est d’exceller en tours plein de matoiserie?
J’en cherche la raison, et ne la trouve point.
Quand le loup a besoin de défendre sa vie,
Ou d’attaquer celle d’autrui,
N’en sait-il pas autant que lui?
Je crois qu’il en sait plus; et j’oserai peut-être
Avec quelque raison contredire mon maître.
Voici pourtant un cas où tout l’honneur échut
A l’hôte des terriers. Un soir il aperçut
La lune au fond d’un puits: l’orbiculaire image
Lui parut un ample fromage. Lire la suite...
Le lion, pour bien gouverner,
Voulant apprendre la morale,
Se fit, un beau jour, amener
Le singe maître ès arts chez la gent animale.
La première leçon que donna le régent
Fut celle-ci:”Grand roi, pour régner sagement,
Il faut que tout prince préfère
Le zèle de l’état à certain mouvement
Qu’on appelle communément
Amour-propre; car c’est le père,
C’est l’auteur de tous les défauts
Que l’on remarque aux animaux. Lire la suite...
Jadis certain Mogol vit en songe un vizir
Aux Champs Elysiens possesseur d’un plaisir
Aussi pur qu’infini, tant en prix qu’en durée:
Le même songeur vit en une autre contrée
Un ermite entouré de feux,
Qui touchait de pitié même les malheureux.
Le cas parut étrange, et contre l’ordinaire:
Minos en ces deux morts semblait s’être mépris.
Le dormeur s’éveilla tant il en fut surpris.
Dans ce songe pourtant soupçonnant du mystère, Lire la suite...
Le loup et le renard sont d’étranges voisins:
Je ne bâtirai point autour de leur demeure.
Ce dernier guettait à toute heure
Les poules d’un fermier; et quoique des plus fins,
Il n’avait pu donner d’atteinte à la volaille.
D’une part l’appétit, de l’autre le danger,
N’étaient pas au compère un embarras léger.
” Hé quoi! dit-il, cette canaille
Se moque impunément de moi?
Je vais, je viens, je me travaille, Lire la suite...
Les Dieux voulant instruire un fils de Jupiter
(ou Pour Monseigneur le Duc de Maine)
Jupiter eut un fils, qui, se sentant du lieu
Dont il tirait l'origine,
Avait l'âme toute divine.
L'enfance n'aime rien: celle du jeune dieu
Faisait sa principale affaire
Des doux soins d'aimer et de plaire.
En lui l'amour et la raison
Devancèrent le temps, dont les ailes légères
N'amènent que trop tôt, hélas! chaque saison.
Flore aux instants riants, aux charmantes manières,
Lire la suite...

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