XLVIII. Ode

Dans  Œuvres poétiques
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Dis-moi, Tircis, sans vanité,

Remarques-tu que la beauté,

Qui tient ton esprit et ta vie,

Ait pour toi quelque peu d'amour?

Connais-tu bien qu'elle ait envie

De te le témoigner un jour?


Elle est si parfaite et si belle

Que sans blâme d'être cruelle

Elle peut détourner ses yeux

Des mortels et de leurs offrandes,

Et même refuser aux dieux

L'amitié que tu lui demandes.

Mais faut-il aussi avouer

Que tout ce qu'on saurait louer,

En tes perfections abonde,

Et qu'elle se doit estimer

La première beauté du monde

Parce que tu la veux aimer?

S'il est vrai qu'une même flamme

Vous ait mis des désirs dans l'âme,

Je te loue d'être amoureux,

Tu fais bien d'essuyer tes larmes,

Et de te croire bien heureux

Depuis qu'on a quitté les armes.

Que ton amour eut de profit

Du monstre que le Roi défit!

Tout le monde allait à la guerre,

Et chacun s'étonnait de voir

Le plus brave homme de la terre

Si paresseux à ce devoir.

Je disais, pâlissant de honte:

Il n'a qu'une valeur trop prompte,

Mais ce courage est endormi,

C'est en vain que l'honneur le presse,

Il hait trop peu cet ennemi,

Et chérit trop cette maîtresse.



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