XLVII. Ode

Dans  Œuvres poétiques
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Je n'ai repos ni nuit ni jour,

Je brûle, je me meurs d'amour,

Tout me nuit, personne ne m'aide,

Le mal m'ôte le jugement,

Et plus je cherche de remède,

Moins je trouve d'allégement.



Je suis désespéré, j'enrage,

Qui me veut consoler m'outrage,

Si je pense à ma guérison,

Je tremble de cette espérance,

Je me fâche de ma prison,

Et ne crains que ma délivrance.

Orgueilleuse et belle qu'elle est,

Elle me tue, elle me plaît,

Ses faveurs qui me sont si chères,

Quelquefois flattent mon tourment,

Quelquefois elle a des colères

Qui me poussent au monument.

Mes amoureuses fantaisies,

Mes passions, mes frénésies,

Qu'ai-je plus encore à souffrir?

Dieux, destins, amour, ma maîtresse,

Ne dois-je jamais ni guérir,

Ni mourir du trait qui me blesse?

Mais suis-je point dans un tombeau?

Mes yeux ont perdu leur flambeau,

Et mon âme Iris l'a ravie,

Encor voudrais-je que le sort

Me fît avoir plus d'une vie

Afin d'avoir plus d'une mort.

Plût aux dieux qui me firent naître,

Qu'ils eussent retenu mon être

Dans le froid repos du sommeil,

Que ce corps n'eût jamais eu d'âme,

Et que l'Amour ou le Soleil

Ne m'eussent point donné leur flamme.

Tout ne m'apporte que du mal,

Mon propre démon m'est fatal,

Tous les astres me sont funestes,

J'ai beau recourir aux autels,

Je sens que pour moi les célestes

Sont faibles comme les mortels.

O destins! tirez-moi de peine,

Dites-moi si cette inhumaine

Consent à mon affliction:

Je bénirai son injustice,

Et n'aurai d'autre passion

Que de courir à mon supplice.

Las! je ne sais ce que je veux,

Mon âme est contrainte à mes voeux,

Ce que je crains je le demande,

Je cherche mon contentement,

Et quand j'ai du mal j'appréhende

Qu'il finisse trop promptement.



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