Viens, très douce, rêver aux heure

Dans  Petits poèmes d'automne,  Poésies Stuart Merrill
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— Viens, très douce, rêver aux heure.
Où nous effeuillâmes les lys
Au clair de la lune. Tu pleures ?

 

— Je fus la fille du roi d’Ys,
Mon amant, et je sais à peine
Ce que nous nous dîmes, jadis.

— N’es-tu pas la petite reine
Qui s’en venait, chantant tout bas,
Mirer ses yeux en la fontaine ?

— Si légers devaient choir mes pas
Sur le givre des nuits d’automne,
Que tu ne les entendis pas.

— Hélas ! mais sa voix monotone
Était la tienne, et ses chers yeux
Avaient ton regard qui s’étonne.

— Dupe ! Par une loi des dieux
La cité n’est plus sur la dune,
Et je vais vers de nouveaux cieux.

— Pourtant je sais que j’aimais une
Qui parlait ainsi de malheurs
En lançant des lys à la lune.

— O toi qui te souviens, ces pleurs
Sont le signe en effet de celle
Qui survit à la mort des fleurs.

— Je savais bien que tu fus elle,
Avec ta peur des lendemains,
Cet air mortel qui m’ensorcelle,

Et tes gestes las de tes mains !

 



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