Une nuit, sous ta terrible lune

Dans  Petits poèmes d'automne,  Poésies Stuart Merrill
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Une nuit, sous ta terrible lune
Qui saignait parmi les brumes roses,
Tu parlais, ô sœur, de tristes choses
Comme une entant prise de rancune.

 

Au loin les appels des mauvais hommes
Nous montaient des vergers de la plaine
Où les arbres tordus par ta haine
Tendaient, fruits du mal amour, leurs pommes.

Tu n’entendis pas le bruit des roues
Rapportant vers les petits villages
La récolte des moissonneurs sages
Qui peinent le temps où tu te joues.

Tu cueillais les pavots de la route
Pour en festonner, plein tes mains molles,
Notre maison où l’on voit les folles
Mendier, sœurs du deuil et du doute.

Comme devant une étrange auberge
Tu fis, vocatrice de désastres,
Le signe qui flétrit les bons astres
Dans le jardin d’azur de la Vierge.

Puis effeuillant au seuil de la porte
Les fleurs de l’ombre l’une après l’une,
Tu chantas quelque chose à la Lune,
Quelque chose dont mon âme est morte.3

 



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