Richard Minulto

Dans  Contes Libertins 1ere partie
4.6/5 - (8 votes)

Pensent-ils donc que je sois quelque buse ?
Lors pour sortir elle prend une excuse,
Et tout d’un pas s’en va trouver Janot,
A qui Richard avait donne le mot.
L’argent fait tout: si l’on en prend en France
Pour obliger en de semblables cas,
On peut juger avec grande apparence,
Qu’en Italie on n’en refuse pas.
Pour tout carquois, d’une large escarcelle
En ce pays le dieu d’amour se sert.
Janot en prend de Richard, de Catelle;
Il en eut pris du grand diable d’enfer.
Pour abréger, la chose s’exécute
Comme Richard était imaginé.
Sa maîtresse eut d’abord quelque dispute
Avec Janot qui fit le réservé
: Mais en voyant bel argent bien compté,
Il promet plus que l’on ne lui demande.
Le temps venu d’aller au rendez- vous,
Minutolo s’y rend seul de sa bande;
Entre en la chambre; et n’y trouve aucuns trous
Par où le jour puisse nuire à sa flamme.
Guère n’attend: il tardait à la dame
D’y rencontrer son perfide époux,
Bien préparée à lui chanter sa gamme .
Pas n’y manqua, l’on peut s’en assurer.
Dans le lieu dit Janot la fit entrer,
Là ne trouva ce qu’elle allait chercher:
Point de mari, point de Dame Simone
Mais au lieu d’eux Minutol en personne,
Qui sans parler se mit à l’embrasser.
Quant au surplus je le laisse à penser:
Chacun s’en doute assez sans qu’on le die.
De grand plaisir notre amant s’extasie.
Que si le jeu plut beaucoup à Richard,
Catelle aussi, toute rancune à part,
Le laissa faire, et ne voulut mot dire
Il en profite, et se garde de rire;
Mais toutefois ce n’est pas sans effort
De figurer le plaisir qu’a le sire,
Il me faudrait un esprit bien plus fort
Premièrement il jouit de sa belle;
En second lieu il trompe une cruelle;
Et croit gagner les pardons en cela.
Mais à la fin Catelle s’emporta:
C’est trop souffrir, traître, ce lui dit-elle,
Je ne suis pas celle que tu prétends.
Laisse-moi là; sinon à belles dents
Je te déchire, et te saute à la vue.
C’est donc cela que tu te tiens en mue,
Fais le malade et te plains tous les jours;
Te réservant sans doute à tes amours.
Parle, méchant, dis-moi, suis- je pourvue
De moins d’appas ? ai-je moins d’agrément,
Moins de beauté que ta dame Simone ?
Le rare oiseau ! ô la belle friponne !
T’aimais-je moins ? je te hais à présent;
Et plut à Dieu que je t’eusse vu pendre.
Pendant cela Richard pour l’apaiser
La caressait, tâchait de la baiser;
Mais il ne put; elle s’en sut défendre.
Laisse-moi là, se mit-elle à crier
Comme un enfant penses-tu me traiter ?
N’approche point, je ne suis plus ta femme:
Rends-moi mon bien, va-t en trouver ta dame
Va déloyal, va-t’en, je te le dis.
Je suis bien sotte, et bien de mon pays
De te garder la foi de mariage:
A quoi tient-il, que pour te rendre sage,


Pages: 1 2 3


Réalisation : www.redigeons.com - https://www.webmarketing-seo.fr/