Que servirait nier chose si reconnue

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Que servirait nier chose si reconnue ?
Je l’avoue, il est vrai, mon amour diminue,
Non pour objet nouveau qui me donne la loi,
Mais c’est que vos façons sont trop froides pour moi.
Vous avez trop d’égard, de conseil de sagesse,
Mon humeur n’est pas propre à si tiède maîtresse.
Je suis impatient, aveugle et furieux.
Pour aimer comme moi, trop clairs sont vos beaux yeux.
Toute chose vous trouble et vous rend éperdue,
Une vaine rumeur sans sujet épandue,


Le regard d’un passant, le caquet d’un voisin,
Quelque parent de loin, un beau-frère, un cousin,
De mille étonnements laissent votre âme atteinte.
Vos femmes seulement vous font pâlir de crainte,
Et quand de mes travaux j’attends quelque loyer,
Le temps en ces frayeurs se voit tout employer !
D’une flèche trop mousse Amour vous a blessée,
Il faut à mes fureurs quelque amante insensée,
Qui mourant chacun jour me livre cent trépas,
Qui m’ôte la raison, le somme et le repas,
Qui craigne de me perdre, et qui me fasse craindre,
Qui toujours se complaigne, ou qui m’écoute plaindre,
Qui se jette aux dangers et qui m’y jette aussi,
Qui transisse en l’absence, et que j’en sois ainsi,
Qui m’occupe du tout, que tout je la retienne,
Et qu’un même penser notre esprit entretienne :
Voilà les passetemps que je cherche en aimant,
J’aime mieux n’aimer point que d’aimer tièdement…

 

Textes poétiques

Philippe Desportes

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