Nevermore

Dans  Les Fleurs de givre
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Nevermore ! Ce mot, que Verlaine a tracé
Au fronton d’un poème amoureux, plein de charmes,
Où sa muse plaintive évoquait le passé,
Ce mot exotique est comme mouillé de larmes,


Nevermore ! Jamais plus je n’irai bondir,
Enfant échevelé, dans le pré qui verdoie ;
Jamais plus je n’irai jouer et m’ébaudir
Avec des compagnons électrisés de joie.

Jamais plus, au bosquet désert, je n’essaîrai
D’imiter Robinson Crusoé dans son île ;
Jamais plus, jamais plus, je ne me sentirai
Embraser par le feu d’un rêve juvénile.

Jamais plus ; jamais plus je n’entendrai la voix
De quelque jeune fille à la marche indécise,
Tremblante, ouvrant son cœur pour la première fois,
Me soupirer des mots que l’âme divinise.

Adieu l’enfance ! adieu le clair matin des jours !
Adieu l’enchantement de la jeunesse folle !
Plus de jeux ! plus de bruits ! plus de chants ! plus d’amours !
Pour moi toutes les fleurs ont fermé leur corolle.

Pour moi l’ardent midi de la vie a passé,
Et, pâle, à l’horizon déjà le soleil baisse.
Pour moi l’astre des saints espoirs s’est éclipsé
Comme un phare devant le pilote en détresse.

Bientôt la nuit sans fin s’étendra sur mon front.
Et moi, que la vie a secoué sur sa houle,
Je voudrais, quand mes yeux mourants se fermeront,
M’en aller dormir seul, loin des flots de la foule.

Je voudrais, près des bois, le plus obscur tombeau,
À l’ombre d’un vieux chêne ou d’un vieux sycomore.
Ce rêve aussi devra s’éteindre, et nul flambeau
Ne le rallumera jamais plus. Nevermore !

 



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