Les lèvres de la guerre

Dans  Poésie Valerie Catty
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Dans le ciel d’orchidées les obus éclataient

Comme un feu d’artifice au quatorze juillet.

La forêt gémissait de fanfare infernale,

Les oiseaux avaient fui cet ogre Bacchanale.

 
 

Guillaume Apollinaire songeait à sa belle,

A cette fleur lilas qui lissait ses paupières,

A cette fleur de Lou qui chantait la lumière,

A ses roses en boutons, à ses fraises de miel.

 

En graissant son fusil, il caressait son corps ;

Les courbes de la mort s’humidifiaient d’envie,

Les courbes de la vie se profilaient de mort ;

Les doux bras de sa mie l’ étreignaient dans la nuit.

 

Les verges des canons fertilisaient la terre,

Mais c’était à la sienne que pensait Apollon.

Le lit de pourpre et d’or se fustigeaient d’enfer,

Les semences coulaient en ces doux champs si blonds.

 

C’est grâce à son amour aux odeurs mélangées,

Aux lèvres de l’envie picorant des baisers

Que Guillaume put vivre esquivant Lucifer

Des tranchées de L’enfer engloutissant les chairs.

 

Les lèvres d’or s’ouvraient et suggéraient sa belle

Au sexe de velours dessous la main éclose.

Il échappait ainsi à cet ogre d’osmose

A la bouche dentue croquant les infidèles.

 

Les mains pleines de roses et de courbes lascives,

Le poète échappa aux lèvres de la guerre

Qui soupiraient de mort aux portes de Cerbère.

Mais sa femme lilas s’envola comme grive.



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