Les deux cousins

Dans  Chansons,  Poésies Pierre Jean de Béranger
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Salut ! petit cousin germain ;
D’un lieu d’exil j’ose t’écrire.
La Fortune te tend la main ;
Ta naissance l’a fait sourire.
Mon premier jour aussi fut beau ;
Point de Français qui n’en convienne.
Les rois m’adoraient au berceau ;
Et cependant je suis à Vienne !
Et cependant je suis à Vienne !


Je fus bercé par tes faiseurs
De vers, de chansons, de poèmes :
Ils sont, comme les confiseurs,
Partisans de tous les baptêmes.
Les eaux d’un fleuve bien mondain
Vont laver ton âme chrétienne :
On m’offrit de l’eau du Jourdain ;
Et cependant je suis à Vienne !

Ces juges, ces pairs avilis,
Qui te prédisent des merveilles,
De mon temps juraient que les lis
Seraient le butin des abeilles.
Parmi les nobles détracteurs
De toute vertu plébéienne,
Ma nourrice avait des flatteurs ;
Et cependant je suis à Vienne !

Sur des lauriers je me couchais,
La pourpre seule t’environne.
Des sceptres étaient mes hochets ;
Mon bourlet fut une couronne.
Méchant bourlet, puisqu’un faux pas
Même an saint-père ôtait la sienne.
Mais j’avais pour moi nos prélats ;
Et cependant je suis à Vienne !

Quant aux maréchaux, je crois peu
Que du monde ils t’ouvrent l’entrée
Ils préfèrent au cordon bleu,
De l’honneur l’étoile sacrée.
Mon père à leur beau dévoûment
Livra sa fortune et la mienne.
Ils auront tenu leur serment ;
Et cependant je suis à Vienne !

Près du trône si tu grandis,
Si je végète sans puissance,
Confonds ces courtisans maudits,
En leur rappelant ma naissance.
Dis-leur : ” Je puis avoir mon tour :
“De mon cousin qu’il vous souvienne.
“Vous lui promettiez votre amour ;
“Et cependant je suis à Vienne !

Chansons
Pierre Jean de Béranger



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