L’École des femmes Acte IV Scène 2

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L’École des femmes Acte IV Scène 2

L’École des femmes écrite par Molière

Le Notaire, Arnolphe

Le Notaire.

Ah ! le voilà ! Bonjour. Me voici tout à point

Pour dresser le contrat que vous souhaitez faire.

Arnolphe, sans le voir.

Comment faire ?

Le Notaire.

Il le faut dans la forme ordinaire.

Arnolphe, sans le voir.

À mes précautions je veux songer de près.

Le Notaire.

Je ne passerai rien contre vos intérêts.

Arnolphe, sans le voir.

Il se faut garantir de toutes les surprises.

Le Notaire.

Suffit qu’entre mes mains vos affaires soient mises.

Il ne vous faudra point, de peur d’être déçu,

Quittancer le contrat que vous n’ayez reçu.

Arnolphe, sans le voir.

J’ai peur, si je vais faire éclater quelque chose,

Que de cet incident par la ville on ne cause.

Le Notaire.

Hé bien, il est aisé d’empêcher cet éclat,

Et l’on peut en secret faire votre contrat.

Arnolphe, sans le voir.

Mais comment faudra-t-il qu’avec elle j’en sorte ?

Le Notaire.

Le douaire se règle au bien qu’on vous apporte.

Arnolphe, sans le voir.

Je l’aime, et cet amour est mon grand embarras.

Le Notaire.

On peut avantager une femme en ce cas.

Arnolphe, sans le voir.

Quel traitement lui faire en pareille aventure ?

Le Notaire.

L’ordre est que le futur doit douer la future

Du tiers du dot qu’elle a; mais cet ordre n’est rien,

Et l’on va plus avant lorsque l’on le veut bien.

Arnolphe, sans le voir.

Si…

Le Notaire, Arnolphe l’apercevant.

Pour le préciput, il les regarde ensemble.

Je dis que le futur peut comme bon lui semble

Douer la future.

Arnolphe, l’ayant aperçu.

Euh ?

Le Notaire.

Il peut l’avantager

Lorsqu’il l’aime beaucoup et qu’il veut l’obliger,

Et cela par douaire, ou préfix qu’on appelle,

Qui demeure perdu par le trépas d’icelle,

Ou sans retour, qui va de ladite à ses hoirs,

Ou coutumier, selon les différents vouloirs,

Ou par donation dans le contrat formelle,

Qu’on fait ou pure et simple, ou qu’on fait mutuelle.

Pourquoi hausser le dos ? Est-ce qu’on parle en fat,

Et que l’on ne sait pas les formes d’un contrat ?

Qui me les apprendra ? Personne, je présume.

Sais-je pas qu’étant joints, on est par la Coutume

Communs en meubles, biens immeubles et conquêts,

À moins que par un acte on y renonce exprès ?

Sais-je pas que le tiers du bien de la future

Entre en communauté pour…

Arnolphe.

Oui, c’est chose sûre,

Vous savez tout cela; mais qui vous en dit mot ?

Le Notaire.

Vous, qui me prétendez faire passer pour sot,

En me haussant l’épaule et faisant la grimace.

Arnolphe.

La peste soit fait l’homme, et sa chienne de face !

Adieu: c’est le moyen de vous faire finir.

Le Notaire.

Pour dresser un contrat m’a-t-on pas fait venir ?

Arnolphe.

Oui, je vous ai mandé; mais la chose est remise,

Et l’on vous mandera quand l’heure sera prise.

Voyez quel diable d’homme avec son entretien !

Le Notaire.

Je pense qu’il en tient, et je crois penser bien.

L’École des femmes Acte IV Scène 2

Une pièce de Théâtre de Molière



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