L’École des femmes Acte I Scène 2

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L’École des femmes Acte I Scène 2

L’École des femmes écrite par Molière

Alain, Georgette, Arnolphe

Alain.

Qui heurte ?

Arnolphe.

Ouvrez. On aura, que je pense,

Grande joie à me voir après dix jours d’absence.

Alain.

Qui va là ?

Arnolphe.

Moi.

Alain.

Georgette !

Georgette.

Hé bien ?

Alain.

Ouvre là-bas.

Georgette.

Vas-y, toi.

Alain.

Vas-y, toi.

Georgette.

Ma foi, je n’irai pas.

Alain.

Je n’irai pas aussi.

Arnolphe.

Belle cérémonie

Pour me laisser dehors ! Holà ho, je vous prie

Georgette.

Qui frappe ?

Arnolphe.

Votre maître.

Georgette.

Alain !

Alain.

Quoi ?

Georgette.

C’est Monsieu.

Ouvre vite.

Alain.

Ouvre, toi.

Georgette.

Je souffle notre feu.

Alain.

J’empêche, peur du chat, que mon moineau ne sorte.

Arnolphe.

Quiconque de vous deux n’ouvrira pas la porte

N’aura point à manger de plus de quatre jours.

Ha !

Georgette.

Par quelle raison y venir, quand j’y cours ?

Alain.

Pourquoi plutôt que moi ? Le plaisant strodagème !

Georgette.

Ôte-toi donc de là.

Alain.

Non, ôte-toi, toi-même.

Georgette.

Je veux ouvrir la porte.

Alain.

Et je veux l’ouvrir, moi.

Georgette.

Tu ne l’ouvriras pas.

Alain.

Ni toi non plus.

Georgette.

Ni toi.

Arnolphe.

Il faut que j’aie ici l’âme bien patiente !

Alain.

Au moins, c’est moi, Monsieur.

Georgette.

Je suis votre servante,

C’est moi.

Alain.

Sans le respect de Monsieur que voilà,

Je te…

Arnolphe, recevant un coup d’Alain.

Peste !

Alain.

Pardon.

Arnolphe.

Voyez ce lourdaud-là !

Alain.

C’est elle aussi, Monsieur…

Arnolphe.

Que tous deux on se taise.

Songez à me répondre, et laissons la fadaise.

Hé bien, Alain, comment se porte-t-on ici ?

Alain.

Monsieur, nous nous… Monsieur, nous nous por… Dieu merci,

Nous nous…

(Arnolphe ôte par trois fois le chapeau de dessus la tête d’Alain.)

Arnolphe.

Qui vous apprend, impertinente bête,

À parler devant moi le chapeau sur la tête ?

Alain.

Vous faites bien, j’ai tort.

Arnolphe, à Alain.

Faites descendre Agnès.

Arnolphe, à Georgette.

Lorsque je m’en allai, fut-elle triste après ?

Georgette.

Triste ? Non.

Arnolphe.

Non ?

Georgette.

Si fait.

Arnolphe.

Pourquoi donc… ?

Georgette.

Oui, je meure,

Elle vous croyait voir de retour à toute heure;

Et nous n’oyions jamais passer devant chez nous

Cheval, âne, ou mulet, qu’elle ne prît pour vous.

L’École des femmes Acte I Scène 2

Une pièce de Théâtre de Molière



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