Le Singe et le Chat

Dans  Fables Jean de la Fontaine,  Les fables Livre 9
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Bertrand avec Raton, l’un singe et l’autre chat,
Commensaux d’un logis, avaient un commun maître.
D’animaux malfaisants c’était un très bon plat:
Ils n’y craignaient tous deux aucun, quel qu’il pût être.
Trouvait-on quelque chose au logis de gâté,
L’on ne s’en prenait point aux gens du voisinage:
Bertrand dérobait tout: Raton, de son côté,
Etait moins attentif aux souris qu’au fromage.
Un jour, au coin du feu, nos deux maîtres fripons
Regardaient rôtir des marrons.

Les escroquer était une très bonne affaire;
Nos galands y voyaient double profit à faire:
Leur bien premièrement, et puis le mal d’autrui.
Bertrand dit à Raton: ” Frère, il faut aujourd’hui
Que tu fasses un coup de maître,
Tire-moi ces marrons. Si Dieu m’avait fait naître
Propre à tirer marrons du feu,
Certes marrons verraient beau jeu.”
Aussitôt fait que dit: Raton, avec sa patte,
D’une manière délicate,
Ecarte un peu la cendre, et retire les doigts;
Puis les reporte à plusieurs fois;
Tire un marron, puis deux, et puis trois en escroque:
Et cependant Bertrand les croque
Une servant vient: adieu mes gens. Raton
N’était pas content, ce dit-on.
Aussi ne le sont pas la plupart de ces princes
Qui, flattés d’un pareil emploi,
Vont s’échauder en des provinces
Pour le profit de quelque roi.

 

Jean de la Fontaine
Fable de la Fontaine

Le Singe et le Chat Les fables Livre 9 Fables Jean de la Fontaine

 Fables Jean de la Fontaine - Les fables Livre 9 - Le Singe et le Chat -  Bertrand avec Raton, l'un singe et l'autre chat, Commensaux d'un logis, avaient un commun maître.


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