Le Cid ACTE I Scène IV

Dans  Le Cid de Pierre Corneille
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Le Cid ACTE I Scène IV

Don Diègue

Ô rage ! ô désespoir ! ô vieillesse ennemie !

N’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ?

Et ne suis-je blanchi dans les travaux guerriers

Que pour voir en un jour flétrir tant de lauriers ?

Mon bras qu’avec respect toute l’Espagne admire,

Mon bras, qui tant de fois a sauvé cet empire,

Tant de fois affermi le trône de son roi,

Trahit donc ma querelle, et ne fait rien pour moi ?

Ô cruel souvenir de ma gloire passée !

Œuvre de tant de jours en un jour effacée !

Nouvelle dignité fatale à mon bonheur !

Précipice élevé d’où tombe mon honneur !

Faut-il de votre éclat voir triompher le comte,

Et mourir sans vengeance, ou vivre dans la honte ?

Comte, sois de mon prince à présent gouverneur;

Ce haut rang n’admet point un homme sans honneur;

Et ton jaloux orgueil par cet affront insigne

Malgré le choix du roi, m’en a su rendre indigne.

Et toi, de mes exploits glorieux instrument,

Mais d’un corps tout de glace inutile ornement,

Fer, jadis tant à craindre, et qui, dans cette offense,

M’as servi de parade, et non pas de défense,

Va, quitte désormais le derniers des humains,

Passe, pour me venger, en de meilleures mains.

Le Cid ACTE I Scène IV

Don Diègue

La pièce de Théâtre Le Cid par Pierre Corneille.



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