La vivandière

Dans  Chansons,  Poésies Pierre Jean de Béranger
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Vivandière du régiment,
C’est Catin qu’on me nomme.
Je vends, je donne et bois gaîment
Mon vin et mon rogome.
J’ai le pied leste et l’oeil mutin,
Tintin, tintin, tintin, r’lin tintin ;
J’ai le pied leste et l’oeil mutin :
Soldats, voilà Catin !


Je fus chère à tous nos héros ;
Hélas ! combien j’en pleure !
Aussi soldats et généraux
Me comblaient, à toute heure,
D’amour, de gloire et de butin,
Tintin, tintin, tintin, r’lin tintin ;
D’amour, de gloire et de butin :
Soldats, voilà Catin !

J’ai pris part à tous vos exploits
En vous versant à boire.
Songez combien j’ai fait de fois
Rafraichir la Victoire.
Ca grossissait son bulletin,
Tintin, tintin, tintin, r’lin tintin ;
Ca grossissait son bulletin :
Soldats, voilà Catin !

Depuis les Alpes je vous sers ;
Je me mis jeune en route.
A quatorze ans, dans les déserts,
Je vous portais la goutte ;
Puis j’entrai dans Vienne un matin,
Tintin, tintin, tintin, r’lin tintin ;
Puis j’entrai dans Vienne un matin :
Soldats, voilà Catin !

De mon commerce et des amours
Cétait le temps prospère.
A Rome je passai huit jours,
Et de notre saint-père
Je débauchai le sacristain,
Tintin, tintin, tintin, r’lin tintin ;
Je débauchai le sacristain :
Soldats, voilà Catin !

J’ai fait plus que maint duc et pair
Pour mon pays que j’aime :
A Madrid, si j’ai vendu cher,
Et cher à Moscou même,
J’ai donné gratis à Pantin,
J’ai donné gratis à Pantin :
Soldats, voilà Catin !

Quand au nombre il fallut céder
La victoire infidèle,
Que n’avais-je pour vous guider
Ce qu’avait la Pucelle !
L’Anglais aurait fui sans butin,
Tintin, tintin, tintin, r’lin tintin ;
L’Anglais aurait fui sans butin :
Soldats, voilà Catin !

Si je vois de nos vieux guerriers
Pâlis par la souffrance,
Qui n’ont plus, malgré leurs lauriers,
De quoi boire à la France,
Je refleuris encor leur teint,
Tintin, tintin, tintin, r’lin tintin ;
Je refleuris encor leur teint :
Soldats, voilà Catin !

Mais nos ennemis, gorgés d’or,
Pairont encore à boire.
Oui, pour vous doit briller encor
Le Jour de la victoire.
J’en serai le réveil-matin,
Tintin, tintin, tintin, r’lin tintin ;
J’en serai le réveil-matin :
Soldats, voilà Catin !

Chansons
Pierre Jean de Béranger



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