Kuchiuk-Hanem

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À Gustave Flaubert

Le Nil est large et plat comme un miroir d’acier
Les crocodiles gris plongent au bord des îles,
Et, dans le bleu du ciel, parfois un grand palmier,
Etale en parasol ses feuilles immobiles.

Les gypaëtes blancs se bercent dans les airs,
Le sable, au plein midi, fume dans les espaces,
Et les buffles trapus, au pied des buissons verts,
Dorment, fronçant leur peau sous les mouches voraces ;

C’est l’heure du soleil et du calme étouffant.
Les champs n’ont pas un cri, les cieux pas une brise ;
– Dans ta maison d’Esneh, que fais-tu maintenant,
Brune Kuchiuk-Hanem, auprès du fleuve assise ?

Le mouton qui te suit, de hénné tacheté,
Sur la natte en jouant agace ton chien leste ;
Et ta servante noire, accroupie à côté,
Croise ses bras luisants tatoués par la peste !

Le joueur de rebec dort sur son instrument…
Dans ton lit de palmier, maintenant tu reposes !
Ou sur ton escalier tu te tiens gravement,
Avec ton tarbouch large et tes pantalons roses !

L’émeraude, à ton front, allume un rayon vert,
Ta gorge s’arrondit sous une gaze fine,
Et tes cheveux, poudrés par le vent du désert,
Ont une odeur de miel et de térébenthine !

– Mais une ombre obscurcit ton regard éclatant.
Tu te sens, dans ton cœur, triste comme une veuve,
Et tu penches la tête, écoutant… écoutant
Passer le bruit lointain des canges sur le fleuve.

Poète Louis Bouilhet

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