Compliment

Dans  Poésie François Coppée,  Promenades et Intérieurs
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Aux humbles, comme moi nés dans la pauvreté,
Je souhaite d’abord avec sincérité,
Quand la nouvelle année entreprend sa carrière,
Le pain quotidien de la vieille prière ;
Et puis, pour qu’ils ne soient jamais trop malheureux,
Je leur souhaite encor de bien s’aimer entre eux.
Du pain et de l’amour ! Tout est là. Le pauvre homme
N’a vraiment pas le droit de trop se plaindre, en somme,
Si, du berceau d’osier au cercueil de sapin,
Toute sa vie, il a de l’amour et du pain.
Mes honnêtes parents n’eurent pas davantage ;
Mais la bonté régnait dans leur cœur sans partage.
Des sentiments profonds ils ont connu le prix,
Et, si je sais aimer, c’est qu’ils me l’ont appris.
Et tel riche, donnant de splendides étrennes,
N’éprouve pas leur joie en ces heures sereines,
Quand ils payaient, ayant épargné quelques sous,
Mon mauvais compliment par de pauvres joujoux.
Mes amis, en ce jour qui groupe la famille,
Si cher que soit le pain, si peu que le feu brille,
Épanouissez-vous, ne devenez pas durs.
Quand les enfants viendront vous tendre leurs fronts purs,
À défaut de cadeaux, comblez-les de caresses.
Entretenez en eux le foyer des tendresses,
Comme, en soufflant dessus, on rallume un charbon.
Le méchant souffre, et presque aucun homme n’est bon
Que grâce aux souvenirs de son enfance aimée,
Dont son âme demeure à jamais parfumée.


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