Poéte Evariste Parny

  Vous m’amusez par des caresses, Vous promettez incessamment, Et vous reculez le moment Qui doit accomplir vos promesses. DEMAIN, dites-vous tous les jours. L’impatience me dévore;

  O la plus belle des maîtresses! Fuyons dans nos plaisirs la lumière et le bruit; Ne disons point au jour les secrets de la nuit; Aux regards inquiets dérobons nos caresses.

  O toi, qui fus mon écolière En musique, et même en amour, Viens dans mon paisible séjour Exercer ton talent de plaire. Viens voir ce qu’il m’en coûte à moi, Pour avoir été trop bon maître.

  Oui, pour jamais Chassons l’image De la volage Que j’adorois. A l’infidelle Cachons nos pleurs, Aimons ailleurs; Trompons comme De sa beauté

  Huit jours sont écoulés depuis que dans ces plaines Un devoir importun a retenu mes pas. Croyez à ma douleur, mais ne l'éprouvez pas. Puissiez-vous de l'amour ne point sentir les peines! Le bonheur m'environne en ce riant séjour.

  Te souvient-il, ma charmante maîtresse, De cette nuit où mon heureuse adresse Trompa l'Argus qui garde tes appas ? Furtivement j'arrivai dans tes bras. Tu résistait ; mais ta bouche vermeille A mes baisers se dérobait en vain ;

Déjà la nuit s'avance, et, du sombre orient, Ses voiles par degrés dans les airs se déploient. Sommeil, doux abandon, image du néant, Des maux de l'existence heureux délassement, Tranquille oubli des soins où les hommes se noient ; Et vous, qui nous rendez à nos plaisirs passés, Touchante Illusion, déesse des mensonges, Venez dans…

Le sommeil a touché ses yeux ; Sous des pavots délicieux Ils se ferment, et son coeur veille. A l'erreur ses sens sont livrés. Sur son visage par degrés La rose devient plus vermeille ;

À Éléonore. Enfin, ma chère Éléonore, Tu l'as connu ce péché si charmant, Que tu craignais, même en le désirant ; En le goûtant, tu le craignais encore. Eh bien ! dis-moi : qu'a-t-il donc d'effrayant ? Que laisse-t-il après lui dans ton âme ?

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