Marie

Poésie Auguste Brizeux

Après moins de six mois passés loin de la lande
Où l’on jouait, Marie, ah ! que vous voilà grande !
N’était ce corset rouge et ces jupons rayés
Qui, trop courts à présent, m’ont laissé voir vos pieds,
Jamais je n’aurais dit : « Cette fille qui prie
Au calvaire, et s’en va vers l’église, est Marie. »

Et pourtant c’est bien vous ; je vous parle et vous vois ;
Mais que vous êtes grande après moins de six mois !
La tige qu’on mesure au temps de la poussée,
Vienne la saint-Michel, n’est pas plus élancée.
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Quand le temps sur nos fronts efface par degré
L’enfance et les reflets de cet âge doré,
Arrive la jeunesse avec toute sa sève ;
Et par un jet nouveau le corps monte et s’élève,
Et toujours monte ainsi, jusques à son été,

Au faîte radieux de sa virilité.
Et la pensée aussi va croissant d’âge en âge ;
Mais un regret la suit à travers son voyage,
Hélas ! Car rien ne vaut le peu qu’on a quitté :
Tout ce qu’on gagne en force, on le perd en beauté.

 

Auguste Brizeux

Souvent je me demande et je cherche en tout lieu
Ce qu’est Dieu sans l’amour, ou bien l’amour sans Dieu.
Aimer Dieu, n’est-ce pas trouver la pure flamme
Qu’on crut voir dans les yeux de quelque jeune femme ?
Dans cette femme aussi n’est-ce point ici-bas

Chercher comme un rayon du dieu qu’on ne voit pas ?
Ainsi, ces deux amours, le céleste et le nôtre,
Pareils à deux flambeaux, s’allument l’un par l’autre :
L’idéal purifie en nous l’amour charnel,
Et le terrestre amour nous fait voir l’éternel.

 

Un poème d’Auguste Brizeux

J’aime dans tout esprit l’orgueil de la pensée
Qui n’accepte aucun frein, aucune loi tracée,
Par delà le réel s’élance et cherche à voir,
Et de rien ne s’effraie, et sait tout concevoir ;

Mais avec cet esprit j’aime une âme ingénue,
Pleine de bons instincts, de sage retenue,
Qui s’ombrage de peu, surveille son honneur,
De scrupules sans fin tourmente son bonheur,
Suit, même en ses écarts, sa droiture pour guide,
Et, pour autrui facile, est pour elle timide.

 

Auguste Brizeux

Un jour que nous étions assis au pont Kerlô
Laissant pendre, en riant, nos pieds au fil de l’eau,
Joyeux de la troubler, ou bien, à son passage,
D’arrêter un rameau, quelque flottant herbage,
Ou sous les saules verts d’effrayer le poisson
Qui venait au soleil dormir près du gazon ;

Seuls en ce lieu sauvage, et nul bruit, nulle haleine
N’éveillant la vallée immobile et sereine,
Hors nos ris enfantins, et l’écho de nos voix
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N’y va pas ! Reste sur ton livre,
Dans ta chambre d’étudiant !
Courbé sous la lampe de cuivre,
Occupe ta pensée et ton coeur en veillant.

Je le sais trop, le plus stoïque
N’est bien sûr de lui qu’à l’écart ;
Et l’âpreté jeune et pudique
N’est pas lente à céder au charme d’un regard.
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UN JEUNE HOMME

Où courez-vous ainsi, pieuses jeunes filles,
Qui passez deux à deux sous vos coiffes gentilles ?
Ce tablier de soie et ce riche cordon
Disent que vous allez toutes quatre au pardon.

UNE JEUNE FILLE
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Dès que la grive est éveillée,
Sur cette lande encor mouillée
Je viens m’asseoir
Jusques au soir ;
Grand’mère, de qui je me cache,
Dit : « Loïc aime trop sa vache. »
Oh ! Nenni-da !
Mais j’aime la petite Anna.
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Soit que ma pente aussi vers ce côté m’entraîne,
J’ai juré de fermer mon âme à toute haine,
A tout regret cuisant ; ouverte à bien jouir,
De la laisser au jour libre s’épanouir ;
De n’aimer d’ici-bas que les plus douces choses ;
De me nourrir du beau, comme du suc des roses

L’abeille se nourrit, sans chercher désormais
Quel mal on pourrait faire à qui n’en fit jamais ;
Ainsi, les yeux au ciel ou la tête baissée,
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Humble et bon vieux curé d’Arzannô, digne prêtre,
Que tel je respectais, que j’aimais comme maître,
Pour occuper tes jours, si pleins, si réguliers,
N’as-tu plus près de toi tes pauvres écoliers ?
Hélas ! Je fus l’un d’eux ! Dans ma douleur présente,
J’aime à me rappeler cette vie innocente ;
Leurs noms, je les sais tous : Albin, élo, Daniel,
Alan Du Bourg De Scaer, Ives De Ker-Ihuel,
Tous jeunes paysans aux costumes étranges,
Portant de longs cheveux flottants, comme les anges.
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