Poésie Alphonse Beauregard

Les Alternances

Je ne sais pas si je sais vivre.
Plusieurs fois chaque jour je devrais arrêter
L’instant qui se faufile et fuit,
Et désespérément me cramponner à lui.
Je devrais serrer sur mon coeur
Les voluptés que j’ai conquises
Contre les hommes et la bise,
Sentir en moi, autour de moi sourdre la vie,
Entendre mumurer, dans l’espace et le temps,
Le cantique éternel des recommencements,
Tandis qu’éparpillé, distrait, hors de mon centre

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O les jours où le coeur broyé dans un étau
Sent monter, comme une marée,
La trahison de la femme adorée;
Où sans cesse l’on tourne et tourne en son cerveau
La même torturante idée;
Où, des heures, l’on tend une oreille obsédée
Par le pressentiment trompeur

Qu’arrive la lettre attendue;
Où l’on répète, pour la prochaine entrevue,
Un rôle plein de tragique douleur;

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Dans l’ébullition de mon âge indompté,
J’allais droit à mon but, sûr que ma volonté,
Ni du temps, ni du lieu, ni des êtres sujette,
Me faisait à ma guise homme ou marionnette,
Commandait mon élan, seule guidait ma main.
Sachant que le bonheur conquis est parfois vain,
Je m’amusais d’avance à voir, comme au théâtre,
Sous le marteau de mon idée opiniâtre
Les obstacles craquer de la toiture au seuil.

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C’est la neige tourbillonnante
Qui voltige dans l’air, mousseline vivante,
La neige qui s’arma, dans l’extase du froid,
D’une beauté trop loin de la vie et traîtresse.
La neige pleine de caresses,
Si douce au pas quand elle choit.

Ceux-là dont le sang bout dans les veines, les forts,
Devant la blancheur qui s’amasse
Songent aux glissements rapides sur la glace,
Aux rudes chasses dans le nord,

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– Subsister décrépits, déchus, mais n’être pas
Des ombres que le vent chasse, informes, là-bas!
N’avoir de chair et d’os que pour souffrir sans cesse
Plutôt que, purs esprits dégagés de faiblesse,
Vaguer insouciants dans le vide éternel!
Vivre toujours au lieu de t’espérer, ô ciel!

Même sans toi, que nous seraient des millénaires
À jouir de l’afflux du sang dans nos artères!
Comme nous aimerions à ne jamais risquer
Que notre droit d’agir soit soudain révoqué,

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Baisse la lampe. Il faut, les soirs de ferveur grave,
Que nul geste, perçu distinctement, n’entrave
Le cours harmonieux du songe intérieur.
Viens là tout près de moi, blottis-toi sur mon coeur.
Le vent charge au galop la neige sur la route
Et la jette, claquante, aux fenêtres; écoute
Geindre sous sa fureur les joints de la maison.
Songe distraitement, comme les riches font,
Que la froidure, ailleurs, s’ajoute à la famine,
Et jouis encor plus de cette heure divine.

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Plein de joie en puissance et de force inutile,
Son front de jour en jour plus proche de l’argile,
Il est des temps où l’homme, endurci, ne sent rien
Que le choc des désirs brutaux contre les siens.
Il marche et devant lui les spectacles du monde
Passent sans l’enrichir d’une image féconde.
Tout à coup l’amour vient, lumineux, triomphal,
Et l’homme qu’attirait un paradis banal,

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J’ai dit à la forêt haute et pleine d’orgueil:
« Tuer, seul me déride;
J’irai dans tes abris dépister le chevreuil
Et le lièvre timide. »
Lors la forêt m’offrit, pour mon repos du soir,
Un lit d’herbe et de mousse
Où la lune envoyait, entre les rameaux noirs,
Une lumière douce.
Je sommeillais lorsque des grenouilles sautant,
Nombreuses et pressées,

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Ô les mots qu’on adresse à la femme attirante,
Les mots qu’on veut badins, spirituels, charmeurs;
Mots voilés et pensifs, échappés ou qu’on tente!
–    Prélude où le désir se cache dans les fleurs.

Ô les regards soudainement pleins de lumière,
Où se révèle un coeur ouvert et confiant,
Regards que l’on dirait de limpides prières!
Respectueux regards – manège inconscient.

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Femme, sitôt que ton regard
Eut transpercé mon existence,
J’ai renié vingt espérances,
J’ai brisé, d’un geste hagard,
Mes dieux, mes amitiés anciennes,
Toutes les lois, toutes les chaînes,
Et du passé fait un brouillard.

J’ai purifié de scories
Mes habitudes et mes goûts;
J’ai précipité dans l’égout

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