Odes

Poésies Victor Segalen

Il le faut ainsi ô Sans-être, que tu sois.
Ne détrompe pas. Ne te résous pas en boue.
Ne disparais point. Ne transparais point. Ne joue
Ni confonds jamais le seul à toi qui se voue.

Sans doute et sans fin, évoquant ta certitude,
Feignant de savoir, je frappe trois fois sur trois.
Je ris de respect. Criant ma fièvre aux abois
Je sonne bien fort l’espoir et les désarrois.
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Lève, voix antique, et profond Vent des Royaumes.
Relent du passé ; odeur des moments défunts.
Long écho sans mur et goût salé des embruns
Des âges ; reflux assaillant comme les Huns.

Mais tu ne viens pas de leurs plaines maléfiques :
Tu n’es point comme eux poudré de sable et de brique,
Tu ne descends pas des plateaux géographiques
Ni des ailleurs, – des autrefois : du fond du temps.
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Voici la rançon et la Médiation rude ;
Tombe le torrent des pleurs et des gratitudes ;
Le Ciel renversé pleut sur moi sa plénitude
Toute l’abondance a cataracté sur moi.

Vertige alourdi de chairs et de sangs terrestres.
Inanité de voler si haut sans appât :
Vautour pris au bleu ; agonisant sans trépas ;
Couper les liens ? un géant n’oserait pas.
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Tu es, tout d’un coup : voici tout ce que tu es :
Ton essence vraie et ta multiple hypostase :
Tes noms ; tes tributs ; l’orbe que ton orbe écrase :
Contemplation qui se résout en extase :

Tu es lourd de science et plus léger que fumée.
Pénétrant et fin comme esprit et les échos.
Tu es riche d’ans : ô Premier né du Chaos.
Tu sais discerner l’imbécile et le héros.
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Suis-je ici vraiment ? Suis-je parvenu si haut ?
Paix grande et naïve et splendeur avant-dernière,
Touchant au chaos où le Ciel qui plus n’espère
Se referme et bat comme une ronde paupière.

Comme le noyé affleurant l’autre surface
Mon front nouveau-né vogue sur les horizons.
Je pénètre et vois. Je participe aux raisons.
Je tiens l’empyrée, et j’ai le Ciel pour maisons.

Je jouis à plein bord. De tous mes esprits. J’irrite
Mes sens élargis au-delà des sens, plus vite
Que l’esprit, que l’air. Je me répands sans limites,
J’étends les deux bras : je touche aux deux bouts du Temps.

 

Victor Segalen

Si beau, si parfait à l’opposé de l’humain
Que je suis encor, – que nulle de mes paroles
N’atteindra jamais la neuvième des Coupoles
Ni l’espace bas où les lourds génies s’envolent.

Plus haut. Piétinons l’esplanade ordonnancée !
Portons haut le Nombre et les justes tourbillons.
Étreignons le cercle : happons l’azur : assaillons
Plus haut ? sans espoir : il n’y a pas de rayons !
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Chang-Ti ! si pourtant cela était que tu fusses,
Haut Ciel Souverain, Seigneur Ciel au temple clair, –
Qu’on dit étreignant le bol renversé de l’air
De ta majesté d’azur de jade et de fer !Véritablement, si tu tiens ce qu’on proclame :
Étant, voyant tout et partout, et jusque sur
Le toit du Grand Vide, encerclant comme d’un mur
L’Éther spiralé profondément dur et pur.
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