Stèles

Stèles est un recueil de poèmes par Victor Segalen,

Voyage en Chine de Segalen. Publication 1912 aux Presses du Pei-t’ang, Pékin (Présentation à la chinoise; 81 exemplaires hors commerce sur papier de Corée et environ 200 exemplaires sur vélin parcheminé). 1914 édition augmentée de 16 nouveaux poèmes. Cette édition fut republiée en 1922 par Crès à Paris.

Poésies Victor Segalen

L’Empereur, – père de toutes les croyances, et estimant en
chacune d’entre elles la Raison qui est une, – veut que ceci,
prêt à s’effacer par négligence, soit reporté sur une table
neuve et marqué du sceau de son règne :

L’Etre admirable, n’est-ce pas l’Unité-Trine, le Seigneur sans
origine, Oloho ? Il a divisé en croix les Parties du monde ;
décomposé l’air primordial ; suscité le Ciel et la terre ;
lancé le soleil et la lune ; créé le premier homme dans une
parfaite harmonie.
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Comme le geste au carrefour accusant la bonne route, préserve
des faux pas et des heurts, – que ceci, non équivoque, fixe
amicalement l’Orient pur.

Empressés autour d’elle, si mes pas ont si vite accompagné
ses pas, – Echangés avec elle, si mes yeux ont trop souvent
cherché le scintillant ou l’ombre de ses yeux,

Si ma main touchant sa main, si tout en moi rapproché d’elle
a parfois composé la forme du désir implorant,
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Ce que je sais d’aujourd’hui, en hâte je l’impose à ta surface, pierre
plane, étendue visible et présente ;

Ce que je sens, – comme aux entrailles l’étreinte de la chute, – je l’étale
sur ta peau, robe de soie fraîche et mouillée ;

Sans autre pli, que la moire de tes veines : sans recul, hors l’écart de
mes yeux pour te bien lire ; sans profondeur, hormis l’incuse nécessaire
à tes creux.
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Perdre le Midi quotidien ; traverser des cours, des arches, des
ponts ; tenter les chemins bifurqués ; m’essouffler aux marches,
aux rampes, aux escalades ;

Eviter la stèle précise ; contourner les murs usuels ; trébucher
ingénument parmi ces rochers factices ; sauter ce ravin ; m’attarder
en ce jardin ; revenir parfois en arrière,

Et par un lacis réversible égarer enfin le quadruple sens des
Points du Ciel.
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De quel nom te désigner, de quelle tendresse ? Soeur cadette non
choisie, sage complice d’ignorances,

Te dirai-je mon amante ? Non point, tu ne le permettrais pas.
Ma parente ? Ce lien pouvait exister entre nous. Mon aimée ?
Toi ni moi ne savions aimer encore.

*
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Ce n’est point dans ta peau de pierre, insensible, que ceci
aimerait à pénétrer ; ce n’est point vers l’aube fade, informe
et crépusculaire, que ceci, laissé libre, voudrait s’orienter ;

Ce n’est pas pour un lecteur littéraire, même en faveur d’un
calligraphe, que ceci a tant de plaisir à être dit :

Mais pour Elle.
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Ces barbares, écartant le bois, et la brique et la terre, bâtissent dans
le roc afin de bâtir éternel !

Ils vénèrent des tombeaux dont la gloire est d’exister encore ; des ponts
renommés d’être vieux et des temples de pierre trop dure dont pas une
assise ne joue.

Ils vantent que leur ciment durcit avec les soleils ; les lunes meurent
en polissant leurs dalles ; rien ne disjoint la durée dont ils s’affublent
ces ignorants, ces barbares !
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On souffre, on s’agite, on se plaint dans mon Empire. Des
rumeurs montent à la tête. Le sang, comme un peuple irrité,
bat le palais de mes enchantements.

La famine est dans mon coeur. La famine dévore mon coeur :
des êtres naissent à demi, sans âmes, sans forces, issus d’un
trouble sans nom.

Puis on se tait. On attend. Que par un bon vouloir s’abreuvent
de nouveau vie et plénitude.
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Des lointains, des si lointains j’accours, ami, vers toi,
le plus cher. Mes pas ont dépecé l’horrible espace entre nous.

De longtemps nos pensers n’habitaient plus le même instant
du monde : les voici à nouveau sous les mêmes influx, pénétrés
des mêmes rayons.

*
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LES LACS

Les lacs, dans leurs paumes rondes noient le visage du Ciel :

J’ai tourné la sphère pour observer le Ciel.

Les lacs, frappés d’échos fraternels en nombre douze :

J’ai fondu les douze cloches qui fixent les tons musicaux.

*
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