Les Étoiles filantes

  À Albert Lozeau. Devant l’iniquité du destin qui t’accable, Ton âme, habituée aux lumineux sommets Du royaume de l’Art et de l’Impérissable, Trop fière pour pleurer, triomphe désormais ;  

  Hommage de la jeunesse canadienne. Barde sublime et fier que la grâce accompagne, Nous t’aimons pour l’honneur de la vieille Bretagne, Pour le rayonnement de son nom vénéré Que tu vas répandant partout, de grève en grève ; Nous t’aimons pour la gloire immense de ton rêve Épris d’un Idéal à tout jamais sacré…

  À mon illustre maître Gérôme Écrit au bas d’une gravure Représentant son chef-d’œuvre « Les Deux Majestés ».  

  Les derniers visiteurs sortaient du cimetière. C’était à l’heure calme où le soleil s’endort : Avant de s’engloutir dans son lit de lumière, Il avait embrasé le ciel de Thermidor.  

  Tu planas sans fatigue à la voûte infinie, Comme sur notre nuit un astre radieux, Toi qui fus le plus noble, et modulas le mieux Hosanna triomphal et plainte d’agonie !  

  Maître, comme il revient souvent, l’anniversaire Des monarques puissants dont le règne éphémère, Après quelques printemps, au tombeau doit finir !… Il faut qu’un siècle passe avant que nous revienne Ton jour de fête, ô roi de la pensée humaine Dans l’immense avenir !  

  Cartier ! tu combattis toujours franc et sans dol ; La majesté du temps sur ton rêve est passée ; L’avenir connaîtra ta profonde pensée, Car dans l’azur des cieux ta gloire a pris son vol !  

  I Ô Crémazie ! ô sombre destinée ! Ô dur exil ! ô tombe abandonnée !… Par la Vie et la Mort Tu fus trahi ; car même dans ta cendre, Le Canada n’a daigné te défendre Contre le sort.  

  Dans maint pays, la voix du peuple entonne L’hymne national pour fêter la couronne, Ou la révolte, ou le sinistre airain Qui gronde et tue en la sanglante plaine. Plus poétique est notre gai refrain : Vive la Canadienne ! Nous préférons chanter sur des rythmes joyeux, Parmi tant de bonheurs que le sort…

  Ambitieux poussés par une même faim, Urbain au geste digne et voyou de la rue, Racaille, paysan qui laisse sa charrue, Ils vont dans l’ignoré défier le destin.  

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