Poésie Victor Hugo

Les châtiments Livre V

Oh ! vous dont le travail est joie, Vous qui n avez pas d’autre proie Que les parfums, souffles du ciel, Vous qui fuyez quand vient décembre, Vous qui dérobez aux fleurs l’ambre Pour donner aux hommes le miel,

Un jour Dieu sur sa table Jouait avec le diable Du genre humain haï ; Chacun tenait sa carte ; L’un jouait Bonaparte Et l’autre Mastaï.

SUR L'AIR DE MALBROUCK Dans l’affreux cimetière, Paris tremble, ô douleur, ô misère ! Dans l’affreux cimetière Frémit le nénuphar.

Les châtiments Livre IV

Aventurier conduit par le louche destin,
Pour y passer la nuit, jusqu’à demain matin,
Entre à l’auberge Louvre avec ta rosse Empire.

Molière te regarde et fait signe à Shakespeare ;
L’un te prend pour Scapin, l’autre pour Richard trois.
Entre en jurant et fais le signe de la croix.
L’antique hôtellerie est tout illuminée.
L’enseigne, par le temps salie et charbonnée,
Sur le vieux fleuve Seine, à deux pas du Pont-Neuf,
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(APRÈS LEUR CONDAMNATION)

Mes fils, soyez contents ; l’honneur est où vous êtes.
Et vous, mes deux amis, la gloire, ô fiers poètes,
Couronne votre nom par l’affront désigné ;
Offrez aux juges vils, groupe abject et stupide,
Toi, ta douceur intrépide,
Toi, ton sourire indigné.

Dans cette salle où Dieu voit la laideur des âmes,
Devant ces froids jurés, choisis pour être infâmes,
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Vicomte de Foucault, lorsque vous empoignâtes
L’éloquent Manuel de vos mains auvergnates,
Comme l’Océan bout quand tressaille l’Etna,
Le peuple tout entier s’émut et frissonna ;
On vit, sombre lueur, poindre mil-huit-cent-trente ;
L’antique royauté, fière et récalcitrante,
Chancela sur son trône, et dans ce noir moment
On sentit commencer ce vaste écroulement ;
Et ces rois, qu’on punit d’oser toucher un homme,
Etaient grands, et mêlés à notre histoire, en somme ;
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Un immense frisson émeut la plaine obscure.
C’est l’heure où Pythagore, Hésiode, Épicure,
Songeaient ; c’est l’heure où, las d’avoir, toute la nuit,
Contemplé l’azur sombre et l’étoile qui luit,
Pleins d’horreur, s’endormaient les pâtres de Chaldée.
Là-bas, la chute d’eau, de mille plis ridée,
Brille, comme dans l’ombre un manteau de satin ;
Sur l’horizon lugubre apparaît le matin,
Face rose qui rit avec des dents de perles ;
Le bœuf rêve et mugit, les bouvreuils et les merles
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Le sombre accablement d’être en ne pensant pas.
Ils s’appellent vulgus, plebs, la tourbe, la foule.
Ils sont ce qui murmure, applaudit, siffle, coule,
Bat des mains, foule aux pieds, bâille, dit oui, dit non,
N’a jamais de figure et n’a jamais de nom ;
Troupeau qui va, revient, juge, absout, délibère,
Détruit, prêt à Marat comme prêt à Tibère,
Foule triste, joyeuse, habits dorés, bras nus,
Pêle-mêle, et poussée aux gouffres inconnus.
Ils sont les passants froids, sans but, sans nœud, sans âge ;
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Malgré moi je reviens, et mes vers s’y résignent,
A cet homme qui fut si misérable, hélas !
Et dont Mathieu Molé, chez les morts qui s’indignent,
Parle à Boissy d’Anglas.

Ô loi sainte ! Justice ! où tout pouvoir s’étaie,
Gardienne de tout droit et de tout ordre humain !
Cet homme qui, vingt ans, pour recevoir sa paie,
T’avait tendu la main,
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Ce Zoïle cagot naquit d’une Javotte.
Le diable, – ce jour-là Dieu permit qu’il créât, –
D’un peu de Ravaillac et d’un peu de Nonotte
Composa ce gredin béat.

Tout jeune, il contemplait, sans gîte et sans valise,
Les sous-diacres coiffés d’un feutre en lampion ;
Vidocq le rencontra priant dans une église,
Et l’ayant vu loucher, en fit un espion.
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