Les contemplations

Pure Innocence ! Vertu sainte ! O les deux sommets d'ici-bas ! Où croissent, sans ombre et sans crainte, Les deux palmes des deux combats !  

(extrait, I) Je suis l'être incliné qui jette ce qu'il pense ; Qui demande à la nuit le secret du silence ; Dont la brume emplit l'oeil ; Dans une ombre sans fond mes paroles descendent, Et les choses sur qui tombent mes strophes rendent Le son creux du cercueil.  

Pendant que le marin, qui calcule et qui doute Demande son chemin aux constellations ; Pendant que le berger, l'oeil plein de visions, Cherche au milieu des bois son étoile et sa route ; Pendant que l'astronome, inondé de rayons,  

Le vallon où je vais tous les jours est charmant, Serein, abandonné, seul sous le firmament, Plein de ronces en fleurs ; c'est un sourire triste. Il vous fait oublier que quelque chose existe, Et, sans le bruit des champs remplis de travailleurs, On ne saurait plus là si quelqu'un vit ailleurs.  

Maintenant que mon temps décroît comme un flambeau, Que mes tâches sont terminées ; Maintenant que voici que je touche au tombeau Par les deuils et par les années,

Oui, je suis le rêveur ; je suis le camarade Des petites fleurs d'or du mur qui se dégrade, Et l'interlocuteur des arbres et du vent. Tout cela me connaît, voyez-vous. J'ai souvent, En mai, quand de parfums les branches sont gonflées,

Ô gouffre ! l'âme plonge et rapporte le doute. Nous entendons sur nous les heures, goutte à goutte, Tomber comme l'eau sur les plombs ; L'homme est brumeux, le monde est noir, le ciel est sombre ; Les formes de la nuit vont et viennent dans l'ombre ; Et nous, pâles, nous contemplons.

Nous allions au verger cueillir des bigarreaux. Avec ses beaux bras blancs en marbre de Paros Elle montait dans l'arbre et courbait une branche ; Les feuilles frissonnaient au vent ; sa gorge blanche, O Virgile, ondoyait dans l'ombre et le soleil ;

Réalisation : www.redigeons.com - https://www.webmarketing-seo.fr/