Les châtiments Livre VII

La conscience humaine est morte ; dans l’orgie,
Sur elle il s’accroupit ; ce cadavre lui plaît ;
Par moments, gai, vainqueur, la prunelle rougie,
Il se retourne et donne à la morte un soufflet.
La prostitution du juge est la ressource.
Les prêtres font frémir l’honnête homme éperdu ;
Dans le champ du potier ils déterrent la bourse ;
Sibour revend le Dieu que Judas a vendu.Ils disent :
– César règne, et le Dieu des armées
L’a fait son élu. Peuple, obéis ! tu le dois.

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A quoi ce proscrit pense-t-il ?
A son champ d’orge ou de laitue,
A sa charrue, à son outil,
A la grande France abattue.
Hélas ! le souvenir le tue.
Pendant qu’on rente les Dupin
Le pauvre exilé souffre et prie.
– On ne peut pas vivre sans pain ;
On ne peut pas non plus vivre sans la patrie.
L’ouvrier rêve l’atelier,
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Que devant les coquins l’honnête homme soupire ;
Que l’histoire soit laide et plate ; que l’empire
Boite avec Talleyrand ou louche avec Parieu ;
Qu’un tour d’escroc bien fait ait nom grâce de Dieu ;
Que le pape en massue ait changé sa houlette ;
Qu’on voie au Champ-de-Mars piaffer sous l’épaulette
Le Meurtre général, le Vol aide-de-camp ;
Que hors de l’Élysée un prince débusquant,
Qu’un flibustier quittant l’île de la Tortue,
Assassine, extermine, égorge, pille et tue ;
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Etait-ce un rêve ? étais-je éveillé ? jugez-en.
Un homme, – était-il grec, juif, chinois, turc, persan ?
Un membre du parti de l’ordre, véridique
Et grave, me disait : – cette mort juridique
Frappant ce charlatan, anarchiste éhonté,
Est juste. Il faut que l’ordre et que l’autorité
Se défendent. Comment souffrir qu’on les discute ?
D’ailleurs les lois sont là pour qu’on les exécute.
Il est des vérités éternelles qu’il faut
Faire prévaloir, fût-ce au prix de l’échafaud.
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Quand l’eunuque régnait à côté du césar,
Quand Tibère, et Caïus, et Néron, sous leur char
Foulaient Rome, plus morte, hélas ! que Babylone,
Le poète saisit ces bourreaux sur leur trône ;
La muse entre deux vers, tout vivants, les scia.
Toi, faux prince, cousin du blême hortensia,
Hidalgo par ta femme, amiral par ta mère,
Tu règnes par Décembre et tu vis sur Brumaire,
Mais la muse t’a pris ; et maintenant, c’est bien,
Tu tressailles aux mains du sombre historien.
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I

Ce serait une erreur de croire que ces choses
Finiront par des chants et des apothéoses ;
Certes, il viendra, le rude et fatal châtiment ;
Jamais l’arrêt d’en haut ne recule et ne ment,
Mais ces jours effrayants seront des jours sublimes.
Tu feras expier à ces hommes leurs crimes,
Ô peuple généreux, ô peuple frémissant,
Sans glaive, sans verser une goutte de sang,
Par la loi ; sans pardon, sans fureur, sans tempête.
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Cette nuit, il pleuvait, la marée était haute,
Un broui1lard lourd et gris couvrait toute la côte,
Les brisants aboyaient comme des chiens, le flot
Aux pleurs du ciel profond joignait son noir sanglot,
L’infini secouait et mêlait dans son urne
Les sombres tournoiements de l’abîme nocturne ;
Les bouches de la nuit semblaient rugir dans l’air.

J’entendais le canon d’alarme sur la mer.
Des marins en détresse appelaient à leur aide.
Dans l’ombre où la rafale aux rafales succède,

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I

Sur la terre, tantôt sable, tantôt savane,
L’un à l’autre liés en longue caravane,
Echangeant leur pensée en confuses rumeurs,
Emmenant avec eux les lois, les faits, les mœurs,
Les esprits, voyageurs éternels, sont en marche.
L’un porte le drapeau, les autres portent l’arche ;
Ce saint voyage a nom Progrès. De temps en temps,
Ils s’arrêtent, rêveurs, attentifs, haletants,
Puis repartent. En route ! ils s’appellent, ils s’aident,
Ils vont ! Les horizons aux horizons succèdent,
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Sa grandeur éblouit l’histoire.
Quinze ans, il fut
Le dieu que traînait la victoire
Sur un affût ;
L’Europe sous sa loi guerrière
Se débattit.
Toi, son singe, marche derrière,
Petit, petit.
Napoléon dans la bataille,
Grave et serein,

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C’était en juin, j’étais à Bruxelles ; on me dit :
Savez-vous ce que fait maintenant ce bandit ?
Et l’on me raconta le meurtre juridique,
Charlet assassiné sur la place publique,
Cirasse, Cuisinier, tous ces infortunés
Que cet homme au supplice a lui-même traînés
Et qu’il a de ses mains liés sur la bascule.
Ô sauveur, ô héros, vainqueur de crépuscule,
César ! Dieu fait sortir de terre les moissons,
La vigne, l’eau courante abreuvant les buissons,

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