Poésie Tristan Corbiere

Va vite, léger peigneur de comètes ! Les herbes au vent seront tes cheveux ; De ton oeil béant jailliront les feux Follets, prisonniers dans les pauvres têtes…

(risette) Le plaisir te fut dur, mais le mal est facile Laisse-le venir à son jour. A la Muse camarde on ne fait plus d'idylle ; On s'en va sans l'Ange – à son tour –

Il fait noir, enfant, voleur d'étincelles ! Il n'est plus de nuits, il n'est plus de jours ; Dors… en attendant venir toutes celles Qui disaient : Jamais ! Qui disaient : Toujours !

L'homme de l'art lui dit : – Fort bien, restons-en là. Le traitement est fait : vous êtes sourd. Voilà Comme quoi vous avez l'organe bien perdu. – Et lui comprit trop bien, n'ayant pas entendu.

Dors : ce lit est le tien… Tu n'iras plus au nôtre. – Qui dort dîne. – A tes dents viendra tout seul le foin. Dors : on t'aimera bien – L'aimé c'est toujours l'Autre… Rêve : La plus aimée est toujours la plus loin…

Sonnet à Sir Bob Chien de femme légère, braque anglais pur sang. Beau chien, quand je te vois caresser ta maîtresse, Je grogne malgré moi – pourquoi ? – Tu n'en sais rien… – Ah, c'est que moi – vois-tu – jamais je ne caresse, Je n'ai pas de maîtresse, et… ne suis pas beau…

O croisée ensommeillée, Dure à mes trente-six morts ! Vitre en diamant, éraillée Par mes atroces accords !

Sonnet (Avec la manière de s'en servir) Réglons notre papier et formons bien nos lettres : Vers filés à la main et d'un pied uniforme, Emboîtant bien le pas, par quatre en peloton ; Qu'en marquant la césure, un des quatre s'endorme… Ça peut dormir debout comme soldats de plomb.

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