Pour que je t'aime, ô mon poëte, Ne fais pas fuir par trop d'ardeur Mon amour, colombe inquiète, Au ciel rose de la pudeur.
Le ciel est noir, la terre est blanche ; – Cloches, carillonnez gaîment ! – Jésus est né ; – la Vierge penche Sur lui son visage charmant.
Au mois d'avril, la terre est rose, Comme la jeunesse et l'amour ; Pucelle encore, à peine elle ose Payer le Printemps de retour.
La petite Marie est morte, Et son cercueil est si peu long Qu'il tient sous le bras qui l'emporte Comme un étui de violon.
Ravivant les langueurs nacrées De tes yeux battus et vainqueurs, En mèches de parfum lustrées Se courbent deux accroche-coeurs.
Biorn, étrange cénobite, Sur le plateau d'un roc pelé, Hors du temps et du monde, habite La tour d'un burg démantelé.
Marbre de Paros Un jour, au doux rêveur qui l'aime, En train de montrer ses trésors, Elle voulut lire un poème, Le poème de son beau corps.
Le monde est méchant, ma petite : Avec son sourire moqueur Il dit qu'à ton côté palpite Une montre en place de coeur.
Un oiseau siffle dans les branches Et sautille gai, plein d'espoir, Sur les herbes, de givre blanches, En bottes jaunes, en frac noir.
La main au front, le pied dans l'âtre, Je songe et cherche à revenir, Par delà le passé grisâtre, Au vieux château du Souvenir.