Poésie Théophile de Viau

Recueils de poèmes

Œuvres poétiques

Grâce à ce comte libéral,

Et à la guerre de Mirande:

Je suis poète et caporal,

O dieux, que ma fortune est grande!
O combien je reçois d’honneur

Des sentinelles que je pose!

Le sentiment de ce bonheur

Fait que jamais je ne repose:

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Vous dont l'âme divine aspire aux choses saintes, Et que le Ciel a fait l'objet de son amour, Verserez-vous des pleurs, et ferez-vous des plaintes, Quand pour l'amour de Dieu vous laisserez le jour?

Esprits qui connaissez le cours de la nature, Vous seuls à qui le Ciel apprend sa volonté, Et dont les sentiments trouvent de la clarté Dans la plus noire nuit d'une chose future;

Courtisans, qui passez vos jours dans les délices, Qui n'éloignez jamais la demeure des rois, Qui ne savez que c'est de la rigueur des lois, Vous seuls à qui le Ciel a caché ses malices.

Je passe mon exil parmi de tristes lieux, Où rien de plus courtois qu'un loup ne m'avoisine, Où des arbres puants fourmillent d'écurieux, Où tout le revenu n'est qu'un peu de résine,

Quelque si doux espoir où ma raison s'appuie, Un mal si découvert ne se saurait cacher; J'emporte malheureux, quelque part où je fuie, Un trait qu'aucun secours ne me peut arracher.

Si quelquefois Amour permet que je respire, Et que pour un moment j'écoute ma raison, Mon esprit aussitôt pense à ma guérison, Tâchant de m'affranchir de ce fâcheux empire.

L'autre jour, inspiré d'une divine flamme, J'entrai dedans un temple où, tout religieux, Examinant de près mes actes vicieux, Un repentir profond fit respirer mon âme.

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