Stances

… Usons ici le fiel de nos fâcheuses vies,
Horriblant de nos cris les ombres de ces bois :
Ces roches égarées, ces fontaines suivies
Par l’écho des forêts répondront à nos voix.

Les vents continuels, l’épais de ces nuages,
Ces étangs noirs remplis d’aspics, non de poissons,
Les cerfs craintifs, les ours et lézardes sauvages
Trancheront leur repos pour ouïr mes chansons.

Comme le feu cruel qui a mis en ruine
Un palais, forcenant léger de lieu en lieu,

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… Tout cela qui sent l’homme à mourir me convie,
En ce qui est hideux je cherche mon confort :
Fuyez de moi, plaisirs, heurs, espérance et vie,
Venez, maux et malheurs et désespoir et mort !

Je cherche les déserts, les roches égarées,
Les forêts sans chemin, les chênes périssants,
Mais je hais les forêts de leurs feuilles parées,
Les séjours fréquentés, les chemins blanchissants.

Quel plaisir c’est de voir les vieilles haridelles
De qui les os mourants percent les vieilles peaux :

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Quiconque sur les os des tombeaux effroyables
Verra le triste amant, les restes misérables
D’un coeur séché d’amour, et l’immobile corps
Qui par son âme morte est mis entre les morts,

Qu’il déplore le sort d’une âme à soi contraire,
Qui pour un autre corps à son corps adversaire
Me laisse examiné sans vie et sans mourir,
Me fait aux noirs tombeaux après elle courir.

Démons qui fréquentez des sépulcres la lame,
Aidez-moi, dites-moi nouvelles de mon âme,

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… Quand mon esprit jadis sujet à ta colère
Aux Champ Élysiens achèvera mes pleurs,
Je verrai les amants qui de telle misère
Goûtèrent tels repos après de tels malheurs,
Tes semblables aussi que leur sentence même
Punit incessamment en Enfer creux et blême,

A quiconques aura telle dame servie
Avec tant de rigueur et de fidélité,
J’égalerai ma mort comme je fis ma vie,
Maudissant à l’envi toute légèreté,

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Puisque le cors blessé, mollement estendu
Sur un lit qui se courbe aux malheurs qu’il suporte
Me faict venir au ronge et gouster mes douleurs,
Mes membres, jouissez du repos pretendu,
Tandis l’esprit lassé d’une douleur plus forte
Esgalle au corps bruslant ses ardentes chaleurs.

Le corps vaincu se rend, et lassé de souffrir
Ouvre au dard de la mort sa tremblante poitrine,
Estallant sur un lit ses misérables os,
Et l’esprit, qui ne peut pour endurer mourir,

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Pressé de désespoir, mes yeux flambants je dresse
À ma beauté cruelle, et baisant par trois fois
Mon poignard nu, je l’offre aux mains de ma déesse,
Et lâchant mes soupirs en ma tremblante voix,
Ces mots coupés je presse :

” Belle, pour étancher les flambeaux de ton ire,
Prends ce fer en tes mains pour m’en ouvrir le sein,
Puis mon coeur haletant hors de son lieu retire,
Et le pressant tout chaud, étouffe en l’autre main
Sa vie et son martyre.
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… Mais quoi ! déjà les Cieux s’accordent à pleurer,
Le soleil s’obscurcit, une amère rosée
Vient de gouttes de fiel la terre énamourer,
D’un crêpe noir la lune en gémit déguisée,
Et tout pour mon amour veut ma mort honorer.

Au plus haut du midi, des étoiles les feux,
Voyant que le soleil a perdu sa lumière,
Jettent sur mon trépas leurs pitoyables jeux,
Et d’errines aspects soulagent ma misère.
L’hymne de mon trépas est chanté par les Cieux.
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J’ouvre mon estomac, une tombe sanglante
De maux ensevelis. Pour Dieu, tourne tes yeux,
Diane, et vois au fond mon coeur parti en deux,
Et mes poumons gravés d’une ardeur violente,

Vois mon sang écumeux tout noirci par la flamme,
Mes os secs de langueurs en pitoyable point
Mais considère aussi ce que tu ne vois point,
Le reste des malheurs qui saccagent mon âme.

Tu me brûles et au four de ma flamme meurtrière
Tu chauffes ta froideur : tes délicates mains

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Ne lisez pas ces vers, si mieux vous n’aimez lire
Les escrits de mon coeur, les feux de mon martyre :
Non, ne les lisez pas, mais regardez aux Cieux,
voyez comme ils ont joint leurs larmes à mes larmes,
Oyez comme les vents pour moy levent les armes,
A ce sacré papier ne refusez vos yeux.

Boute-feux dont l’ardeur incessamment me tuë,
Plus n’est ma triste voix digne if estre entenduë :
Amours, venez crier de vos piteuses voix
Ô amours esperdus, causes de ma folie,

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A longs filets de sang ce lamentable corps
Tire du lieu qu’il fuit le lien de son âme,
Et séparé du coeur qu’il a laissé dehors,
Dedans les forts liens et aux mains de sa dame,
Il s’enfuit de sa vie et cherche mille morts.

Plus les rouges destins arrachent loin du coeur
Mon estomac pillé, j’épanche mes entrailles
Par le chemin qui est marqué de ma douleur.
La beauté de Diane ainsi que des tenailles
Tirent l’un d’un côté, l’autre suit le malheur.
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