Poésie Philippe Desportes

Textes poétiques

Enfin les dieux bénins ont exaucé mes cris !
La beauté qui me blesse, et qui tient mes esprits
En langueur continue,
Languit dedans un lit d’un mal plein de rigueur,
Son beau teint devient pâle, et sa jeune vigueur
Peu à peu diminue.

Plus grand heur en ce temps ne pouvait m’advenir,
Une heure en son logis on ne l’eût su tenir,
Elle eût fait cent voyages,
Aux festins, aux pardons d’un et d’autre côté,

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Arrête un peu, mon Coeur, où vas-tu si courant ?
– Je vais trouver les yeux qui sain me peuvent rendre.
– Je te prie, attends-moi. – Je ne te puis attendre,
Je suis pressé du feu qui me va dévorant.

– Il faut bien, ô mon coeur ! que tu sois ignorant,
De ne pouvoir encor ta misère comprendre :
Ces yeux d’un seul regard te réduiront en cendre :
Ce sont tes ennemis, t’iront-ils secourant ?

– Envers ses ennemis, si doucement on n’use ;
Ces yeux ne sont point tels. – Ah ! c’est ce qui t’abuse :

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De la jalousie

Chaste soeur d’Apollon dont je suis éclairé
Le jour comme la nuit, déité redoutable
Que la force d’Amour a connue indomptable,
Amour des autres dieux tant craint et révéré,

Vois ce pauvre Actéon sans pitié dévoré
Par ses propres pensers d’une rage incroyable,
Pour avoir offensé d’erreur trop excusable,
Si le feu de ta haine était plus modéré.

Il fut audacieux, mais sa haute entreprise
Avec tant de rigueur ne doit être reprise,

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Amour, tu es aveugle et d’esprit et de vue,
De ne voir pas comment ta force diminue,
Ton empire se perd, tu révoltes les tiens,
Faute de ne chasser une infernale peste
Qui fait que tout le monde à bon droit te déteste,
Pour ne pouvoir jouir sûrement de tes biens.

C’est de ton doux repos la mortelle ennemie,
C’est une mort cruelle au milieu de la vie,
C’est un hiver qui dure en la verte saison,
C’est durant ton printemps une bise bien forte,

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Les amours d'Hippolyte

Sommeil, paisible fils de la Nuit solitaire,
Père alme, nourricier de tous les animaux,
Enchanteur gracieux, doux oubli de nos maux,
Et des esprits blessés l’appareil salutaire :

Dieu favorable à tous, pourquoi m’es-tu contraire ?
Pourquoi suis-je tout seul rechargé de travaux,
Or que l’humide nuit guide ses noirs chevaux,
Et que chacun jouit de ta grâce ordinaire ?

Ton silence où est-il ? ton repos et ta paix,
Et ces songes volant comme un nuage épais,

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Quand quelquefois je pense à ma première vie
Du temps que je vivais seul roi de mon désir,
Et que mon âme libre errait à son plaisir,
Franche d’espoir, de crainte, et d’amoureuse envie :

Je verse de mes yeux une angoisseuse pluie,
Et sens qu’un fier regret mon esprit vient saisir,
Maudissant le destin qui m’a fait vous choisir,
Pour rendre à tant d’ennuis ma pauvre âme asservie.

Si je lis, si j’écris, si je parle, ou me tais,
Votre oeil me fait la guerre, et ne sens point de paix,

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Quand je pouvais me plaindre en l’amoureux tourment,
Donnant air à la flamme en ma poitrine enclose,
Je vivais trop heureux ; las ! maintenant je n’ose
Alléger ma douleur d’un soupir seulement.

C’est me poursuivre, Amour, trop rigoureusement !
J’aime, et je suis contraint de feindre une autre chose,
Au fort de mes travaux je dis que je repose,
Et montre en mes ennuis un vrai contentement.

Ô supplice muet, que ta force est terrible !
Mais je me plains à tort de ma gêne invisible,

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Pourquoi si follement croyez-vous à un verre,
Voulant voir les beautés que vous avez des cieux ?
Mirez-vous dessus moi pour les connaître mieux,
Et voyez de quels traits votre bel oeil m’enferre.

Un vieux chêne ou un pin renversés contre terre
Montrent combien le vent est grand et furieux,
Aussi vous connaîtrez le pouvoir de vos yeux,
Voyant par quels efforts vous me faites la guerre.

Ma mort de vos beautés vous doit bien assurer,
Joint que vous ne pouvez sans péril vous mirer :

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Ô mon coeur plein d’ennuis, que trop prompt j’arraché
Pour immoler à une, hélas ! qui n’en fait conté !
Ô mes vers douloureux, les courriers de ma honte,
Dont le cruel Amour ne fut jamais touché !

Ô mon teint pâlissant, devant l’âge séché
Par la froide rigueur de celle qui me dompte !
Ô désirs trop ardents d’une jeunesse prompte !
Ô mes yeux dont sans cesse un fleuve est épanché !

Ô pensers trop pensés, qui rebellez mon âme !
Ô débile raison, ô lacs, ô traits, ô flamme,

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Je ressemble en aimant au valeureux Persée
Que sa belle entreprise a fait si glorieux,
Ayant d’un vol nouveau pris la route des dieux,
Et sur tous les mortels sa poursuite haussée.

Emporté tout ainsi de ma haute pensée
Je vole aventureux aux soleils de vos yeux,
Et vois mille beautés qui m’élèvent aux cieux
Et me font oublier toute peine passée.

Mais, hélas ! je n’ai pas le bouclier renommé
Dont contre tous périls Vulcain l’avait armé,

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