Amour

À Anatole Baju

Au pays de mon père on voit des bois sans nombre.
Là des loups font parfois luire leurs yeux dans l’ombre
Et la myrtille est noire au pied du chêne vert.
Noire de profondeur, sur l’étang découvert,
Sous la bise soufflant balsamiquement dure
L’eau saute à petits flots, minéralement pure.
Les villages de pierre ardoisière aux toits bleus
Ont leur pacage et leur labourage autour d’eux.
Du bétail non pareil s’y fait des chairs friandes
Sauvagement un peu parmi les hautes viandes ;
Et l’habitant, grâce à la Foi sauve, est heureux.

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À Ernest Raynaud

Couché dans l’herbe pâle et froide de l’exil,
Sous les ifs et les pins qu’argente le grésil,
Ou bien errant, semblable aux formes que suscite
Le rêve, par l’horreur du paysage scythe,
Tandis qu’autour, pasteurs de troupeaux fabuleux,
S’effarouchent les blancs Barbares aux yeux bleus,
Le poète de l’art d’Aimer, le tendre Ovide
Embrasse l’horizon d’un long regard avide
Et contemple la mer immense tristement.
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Ni pardon ni répit, dit le monde,
Plus de place au sénat du loisir !
On rend grâce et justice au désir
Qui te prend d’une paix si profonde,
Et l’on eût fait trêve avec plaisir,
Mais la guerre est jalouse : il faut vivre
Ou mourir du combat qui t’enivre.

Aussi bien tes voeux sont absolus
Quand notre art est un mol équilibre.
Nous donnons un sens large au mot : libre,

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Je vois un groupe sur la mer.
Quelle mer ? Celle de mes larmes.
Mes yeux mouillés du vent amer
Dans cette nuit d’ombre et d’alarmes
Sont deux étoiles sur la mer.

C’est une toute jeune femme
Et son enfant déjà tout grand
Dans une barque où nul ne rame,
Sans mât ni voile, en plein courant…
Un jeune garçon, une femme !
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Qu’on lui avait dérobé

Seul bijou de ma pauvreté,
Ton mince argent, ta perle fausse
(En tout quatre francs), ont tenté
Quelqu’un dont l’esprit ne se hausse,

Parmi ces paysans cafards
À vous dégoûter d’être au monde,
– Tas d’Onans et de Putiphars ! –
Que juste au niveau de l’immonde,
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À propos de deux ormeaux qu’il avait

À Léon Vanier

Mon jardin fut doux et léger
Tant qu’il fut mon humble richesse :
Mi-potager et mi-verger,
Avec quelque fleur qui se dresse
Couleur d’amour et d’allégresse,
Et des oiseaux sur des rameaux,
Et du gazon pour la paresse.
Mais rien ne valut mes ormeaux.

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À Germain Nouveau
Église Saint-Géry, Arras.

Au bout d’un bas-côté de l’église gothique,
Contre le mur que vient baiser le jour mystique
D’un long vitrail d’azur et d’or finement roux,
Le Crucifix se dresse, ineffablement doux,
Sur sa croix peinte en vert aux arêtes dorées,

Et la gloire d’or sombre en langues échancrées
Flue autour de la tête et des bras étendus,
Tels quatre vols de flamme en un seul confondus.
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À Francis Poictevin

Le long bois de sapins se tord jusqu’au rivage,
L’étroit bois de sapins, de lauriers et de pins,
Avec la ville autour déguisée en village :
Chalets éparpillés rouges dans le feuillage
Et les blanches villas des stations de bains.

Le bois sombre descend d’un plateau de bruyère,
Va, vient, creuse un vallon, puis monte vert et noir
Et redescend en fins bosquets où la lumière
Filtre et dore l’obscur sommeil du cimetière
Qui s’étage bercé d’un vague nonchaloir.
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À J. K Huysmans

Simplement, comme on verse un parfum sur une flamme
Et comme un soldat répand son sang pour la patrie,
Je voudrais pouvoir mettre mon coeur avec mon âme
Dans un beau cantique à la sainte Vierge Marie.

Mais je suis, hélas ! un pauvre pécheur trop indigne,
Ma voix hurlerait parmi le choeur des voix des justes :
Ivre encor du vin amer de la terrestre vigne,
Elle pourrait offenser des oreilles augustes.
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À Edmond Lepelletier

J’ai naguère habité le meilleur des châteaux
Dans le plus fin pays d’eau vive et de coteaux :
Quatre tours s’élevaient sur le front d’autant d’ailes,
Et j’ai longtemps, longtemps habité l’une d’elles.
Le mur, étant de brique extérieurement,
Luisait rouge au soleil de ce site dormant,
Mais un lait de chaux, clair comme une aube qui pleure,
Tendait légèrement la voûte intérieure.

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