Poésie Marceline Desbordes-Valmore

Elégies

Maison de la naissance, ô nid, doux coin du monde ! Ô premier univers où nos pas ont tourné ! Chambre ou ciel, dont le coeur garde la mappemonde, Au fond du temps je vois ton seuil abandonné. Je m'en irais aveugle et sans guide à ta porte, Toucher le berceau nu qui daigna me…

Fleur naine et bleue, et triste, où se cache un emblème, Où l'absence a souvent respiré le mot : J'aime ! Où l'aile d'une fée a laissé ses couleurs, Toi, qu'on devrait nommer le colibri des fleurs, Traduis-moi : porte au loin ce que je n'ose écrire ; Console un malheureux comme eût fait mon…

Comme une fleur à plaisir effeuillée Pâlit, tombe et s'efface une brillante erreur. Ivre de toi, je rêvais le bonheur : Je rêvais, tu m'as éveillée.

On est moins seul au fond d'une église déserte : De son père inquiet c'est la porte entr'ouverte ; Lui qui bénit l'enfant, même après son départ, Lui, qui ne dit jamais : "N'entrez plus, c'est trop tard !"

Tu me reprends ton amitié : Je n'ai donc plus rien dans le monde, Rien que ma tristesse profonde. N'en souffris-tu que la moitié, Toi, dans ta mobile amitié, Va ! Je plaindrai ta vie amère. Que Dieu pour l'amour de sa mère, Ou pour moi, te prenne en pitié !

Je l'ai rêvé ? c'eût été beau De s'appeler ta bien-aimée ; D'entrer sous ton aile enflammée, Où l'on monte par le tombeau : Il résume une vie entière, Ce rêve lu dans un regard : Je sais pourtant que ta paupière En troubla mes jours par hasard.

Non, ce n'est pas l'été, dans le jardin qui brille, Où tu t'aimes de vivre, où tu ris, coeur d'enfant ! Où tu vas demander à quelque jeune fille, Son bouquet frais comme elle et que rien ne défend.

L'haleine d'une fleur sauvage, En passant tout près de mon coeur, Vient de m'emporter au rivage, Où naguère aussi j'étais fleur : Comme au fond d'un prisme où tout change, Où tout se relève à mes yeux, Je vois un enfant aux yeux d'ange : C'était mon petit amoureux !

L'orage de tes jours a passé sur ma vie ; J'ai plié sous ton sort, j'ai pleuré de tes pleurs ; Où ton âme a monté mon âme l'a suivie ; Pour aider tes chagrins, j'en ai fait mes douleurs.

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