Poésie Joachim Du Bellay

Recueils de poèmes

Les Regrets

Ne pense, Robertet, que cette Rome-ci
Soit cette Rome-là qui te soulait tant plaire.
On n’y fait plus crédit, comme l’on soulait faire,
On n’y fait plus l’amour, comme on soulait aussi.

La paix et le bon temps ne règnent plus ici,
La musique et le bal sont contraints de s’y taire,
L’air y est corrompu, Mars y est ordinaire,
Ordinaire la faim, la peine, et le souci.

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Veux-tu savoir, Duthier, quelle chose c’est Rome?
Rome est de tout le monde un publique échafaud;
Une scène, un théâtre, auquel rien ne défaut
De ce qui peut tomber ès actions de l’homme.

Ici se voit le jeu de la fortune, et comme
Sa main nous fait tourner ores bas, ores haut:
Ici chacun se montre, et ne peut, tant soit caut,
Faire que tel qu’il est, le peuple ne le nomme.
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Il fait bon voir, Paschal, un conclave serré,
Et l’une chambre à l’autre également voisine
D’antichambre servir, de salle et de cuisine,
En un petit recoin de dix pieds en carré:

Il fait bon voir autour le palais emmuré,
Et briguer là-dedans cette troupe divine,
L’un par ambition, l’autre par bonne mine,
Et par dépit de l’un être l’autre adoré:
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Si je monte au Palais, je n’y trouve qu’orgueil,
Que vice déguisé, qu’une cérémonie,
Qu’un bruit de tambourins, qu’une étrange harmonie,
Et de rouges habits un superbe appareil:

Si je descends en banque, un amas et recueil
De nouvelles je trouve, une usure infinie,
De riches Florentins une troupe bannie,
Et de pauvres Siennois un lamentable deuil:
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Je n’écris point d’amour, n’étant point amoureux,
Je n’écris de beauté, n’ayant belle maîtresse,
Je n’écris de douceur, n’éprouvant que rudesse,
Je n’écris de plaisir, me trouvant douloureux:

Je n’écris de bonheur, me trouvant malheureux
Je n’écris de faveur, ne voyant ma princesse,
Je n’écris de trésors, n’ayant point de richesse,
Je n’écris de santé, me sentant langoureux:

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Je ne te conterai de Bologne et Venise,
De Padoue et Ferrare et de Milan encor,
De Naples, de Florence, et lesquelles sont or
Meilleures pour la guerre ou pour la marchandise.

Je te raconterai du siège de l’Eglise,
Qui fait d’oisiveté son plus riche trésor,
Et qui dessous l’orgueil de trois couronnes d’or
Couve l’ambition, la haine et la feintise:

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Je ne découvre ici les mystères sacrés
Des saints prêtres romains, je ne veux rien écrire
Que la vierge honteuse ait vergogne de lire,
Je veux toucher sans plus aux vices moins secrets.

Mais tu diras que mal je nomme ces Regrets,
Vu que le plus souvent j’use de mots pour rire
Et je dis que la mer ne bruit toujours son ire,
Et que toujours Phoebus ne sagette les Grecs.

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Cent fois plus qu’à louer on se plaît à médire:
Pour ce qu’en médisant on dit la vérité,
Et louant, la faveur, ou bien l’autorité,
Contre ce qu’on en croit, fait bien souvent écrire.

Qu’il soit vrai, pris-tu onc tel plaisir d’ouïr lire
Les louanges d’un prince ou de quelque cité,
Qu’ouïr un Marc Antoine à mordre exercité
Dire cent mille mots qui font mourir de rire?

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Gordes, que Du Bellay aime plus que ses yeux,
Vois comme la nature, ainsi que du visage,
Nous a faits différents de moeurs et de courage,
Et ce qui plaît à l’un, à l’autre est odieux.

Tu dis: Je ne puis voir un sot audacieux
Qui un moindre que lui brave à son avantage,
Qui s’écoute parler, qui farde son langage,
Et fait croire de lui qu’il est mignon des dieux.

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Tu dis que Du Bellay tient réputation,
Et que de ses amis il ne tient plus de compte:
Si ne suis-je seigneur, prince, marquis ou comte,
Et n’ai changé d’état ni de condition.

Jusqu’ici je ne sais que c’est d’ambition,
Et pour ne me voir grand ne rougis point de honte:
Aussi ma qualité ne baisse ni ne monte,
Car je ne suis sujet qu’à ma complexion.

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