Les Regrets

Je ne découvre ici les mystères sacrés
Des saints prêtres romains, je ne veux rien écrire
Que la vierge honteuse ait vergogne de lire,
Je veux toucher sans plus aux vices moins secrets.

Mais tu diras que mal je nomme ces Regrets,
Vu que le plus souvent j’use de mots pour rire
Et je dis que la mer ne bruit toujours son ire,
Et que toujours Phoebus ne sagette les Grecs.

Lire la suite...

Cent fois plus qu’à louer on se plaît à médire:
Pour ce qu’en médisant on dit la vérité,
Et louant, la faveur, ou bien l’autorité,
Contre ce qu’on en croit, fait bien souvent écrire.

Qu’il soit vrai, pris-tu onc tel plaisir d’ouïr lire
Les louanges d’un prince ou de quelque cité,
Qu’ouïr un Marc Antoine à mordre exercité
Dire cent mille mots qui font mourir de rire?

Lire la suite...

Gordes, que Du Bellay aime plus que ses yeux,
Vois comme la nature, ainsi que du visage,
Nous a faits différents de moeurs et de courage,
Et ce qui plaît à l’un, à l’autre est odieux.

Tu dis: Je ne puis voir un sot audacieux
Qui un moindre que lui brave à son avantage,
Qui s’écoute parler, qui farde son langage,
Et fait croire de lui qu’il est mignon des dieux.

Lire la suite...

Tu dis que Du Bellay tient réputation,
Et que de ses amis il ne tient plus de compte:
Si ne suis-je seigneur, prince, marquis ou comte,
Et n’ai changé d’état ni de condition.

Jusqu’ici je ne sais que c’est d’ambition,
Et pour ne me voir grand ne rougis point de honte:
Aussi ma qualité ne baisse ni ne monte,
Car je ne suis sujet qu’à ma complexion.

Lire la suite...

Encore que l’on eût heureusement compris
Et la doctrine grecque et la romaine ensemble,
Si est-ce, Gohory, qu’ici, comme il me semble,
On peut apprendre encor, tant soit-on bien appris.

Non pour trouver ici de plus doctes écrits
Que ceux que le français soigneusement assemble,
Mais pour l’air plus subtil, qui doucement nous emble
Ce qui est plus terrestre et lourd en nos esprits.

Lire la suite...

Cc brave qui se croit, leur un jaque de maille,
Etre un second Roland, ce dissimulateur,
Qui superbe aux amis, aux ennemis flatteur,
Contrefait l’habile homme et ne dit rien qui vaille,

Belleau, ne le crois pas: et quoiqu’il se travaille
De se feindre hardi d’un visage menteur,
N’ajoute point de foi à son parler vanteur,
Car oncq homme vaillant je n’ai vu de sa taille.

Lire la suite...

Si Pirithois ne fût aux enfers descendu,
L’amitié de Thésée serait ensevelie,
Et Nise par sa mort n’eût la sienne ennoblie,
S’il n’eût vu sur le champ Euryale étendu:

De Pylade le nom ne serait entendu
Sans la fureur d’Oreste, et la foi de Pythie
Ne fût par tant d’écrits en lumière sortie,
Si Damon ne se fût en sa place rendu:

Lire la suite...

Pourquoi me grondes-tu, vieux mâtin affamé,
Comme si Du Bellay n’avait point de défense?
Pourquoi m’offenses-tu, qui ne t’ai fait offense,
Sinon de t’avoir trop quelquefois estimé?

Qui t’a, chien envieux, sur moi tant animé,
Sur moi, qui suis absent? crois-tu que ma vengeance
Ne puisse bien d’ici darder jusques en France
Un trait, plus que le tien, de rage envenimé?

Lire la suite...

Flatter un créditeur, pour son terme allonger,
Courtiser un banquier, donner bonne espérance,
Ne suivre en son parler la liberté de France,
Et pour répondre un mot, un quart d’heure y songer:

Ne gâter sa santé par trop boire et manger,
Ne faire sans propos une folle dépense,
Ne dire à tous venants tout cela que l’on pense,
Et d’un maigre discours gouverner l’étranger:

Lire la suite...

D’où vient cela, Mauny, que tant plus on s’efforce
D’échapper hors d’ici, plus le démon du lieu
(Et que serait-ce donc, si ce n’est quelque dieu?)
Nous y tient attachés par une douce force?

Serait-ce point d’amour cette alléchante amorce,
Ou quelque autre venin, dont après avoir beu
Nous sentons nos esprits nous laisser peu à peu,
Comme un corps qui se perd sous une neuve écorce?

Lire la suite...

Réalisation : www.redigeons.com - https://www.webmarketing-seo.fr/