Poésie Joachim Du Bellay

Recueils de poèmes

L’Olive

Je ne quiers pas la fameuse couronne,
Sainct ornement du Dieu au chef doré,
Ou que du Dieu aux Indes adoré
Le gay chapeau la teste m’environne.

Encores moins veulx-je que l’on me donne
Le mol rameau en Cypre decoré:
Celuy qui est d’Athenes honoré,
Seul je le veulx, et le Ciel me l’ordonne.

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Sola virûm nuper volitabat docta per ora
Laura, tibi Thuscis dicta, Petrarcha, sonis:
Tantaque vulgaris fuerat facundia linguas,
Ut premeret fastu scripta vetusta suo.

At nunc Thuscanam Lauram comitatur Oliva
Gallica, Bellaii cura laborque sui.
Phoebus amat Laurum, glaucam sua Pallas Olivam:
Ille suum vatem, nec minus ista suum.

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Combien que j’aye passé l’age de mon enfance et la meilleure part de
mon adolescence assez inutilement, lecteur, si est-ce que par je ne
sçay quelle naturelle inclination j’ay tousjours aimé les bonnes
lettres: singulierement nostre poësie françoise, pour m’estre plus
familiere, qui vivoy’ entre ignorans des langues estrangeres. Depuis,
la raison m’a confirmé en cete opinion: considerant que si je vouloy’
gaingner quelque nom entre les Grecz, et Latins, il y fauldroit
employer le reste de ma vie, et (peult estre) en vain, etant jà coulé
de mon aage le temps le plus apte à l’etude: et me trouvant chargé
d’affaires domestiques, dont le soing est assez suffisant pour dégouter
un homme beaucoup plus studieux que moy.

 

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À très illustre princesse Madame Marguerite, sœur unique du roy présentant ce livre

SONNET

Par un sentier inconneu à mes yeux
Vostre grandeur sur ses ailes me porte
Où de Phebus la main sçavante et forte
Guide le frein du chariot des cieulx.

Là elevé au cercle radieux
Par un Demon heureux, qui me conforte,
Celle fureur tant doulce j’en rapporte,
Dont vostre nom j’egalle aux plus haulx dieux.

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Les Regrets

Maintenant je pardonne à la douce fureur
Qui m’a fait consumer le meilleur de mon âge,
Sans tirer autre fruit de mon ingrat ouvrage
Que le vain passe-temps d’une si longue erreur.

Maintenant je pardonne à ce plaisant labeur,
Puisque seul il endort le souci qui m’outrage,
Et puisque seul il fait qu’au milieu de l’orage,
Ainsi qu’auparavant, je ne tremble de peur.
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Vu le soin ménager dont travaillé je suis,
Vu l’importun souci qui sans fin me tourmente,
Et vu tant de regrets desquels je me lamente,
Tu t’ébahis souvent comment chanter je puis.

Je ne chante, Magny, je pleure mes ennuis,
Ou, pour le dire mieux, en pleurant je les chante,
Si bien qu’en les chantant, souvent je les enchante:
Voilà pourquoi, Magny, je chante jours et nuits.
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Bien qu’aux arts d’Apollon le vulgaire n’aspire,
Bien que de tels trésors l’avarice n’ait soin,
Bien que de tels harnais le soldat n’ait besoin,
Bien que l’ambition tels honneurs ne désire:

Bien que ce soit aux grands un argument de rire,
Bien que les plus rusés s’en tiennent le plus loin,
Et bien que Du Bellay soit suffisant témoin
Combien est peu prisé le métier de la lyre:
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Ce n’est le fleuve tusque au superbe rivage,
Ce n’est l’air des Latins, ni le mont Palatin,
Qui ores, mon Ronsard, me fait parler latin,
Changeant à l’étranger mon naturel langage.

C’est l’ennui de me voir trois ans et davantage,
Ainsi qu’un Prométhée, cloué sur l’Aventin,
Où l’espoir misérable et mon cruel destin,
Non le joug amoureux, me détient en servage.
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France, mère des arts, des armes et des lois,
Tu m’as nourri longtemps du lait de ta mamelle:
Ores, comme un agneau qui sa nourrice appelle,
Je remplis de ton nom les antres et les bois.

Si tu m’as pour enfant avoué quelquefois,
Que ne me réponds-tu maintenant, ô cruelle?
France, France, réponds à ma triste querelle.
Mais nul, sinon Echo, ne répond à ma voix.
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Ne t’ébahis, Ronsard, la moitié de mon âme,
Si de ton Du Bellay France ne lit plus rien,
Et si avec l’air du ciel italien
Il n’a humé l’ardeur qui l’Italie enflamme.

Le saint rayon qui part des beaux yeux de ta dame
Et la sainte faveur de ton prince et du mien,
Cela, Ronsard, cela, cela mérite bien
De t’échauffer le coeur d’une si vive flamme.
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