Les Syrtes

  Hiver : la bise se lamente, La neige couvre le verger. Dans nos coeurs aussi, pauvre amante, Il va neiger, il va neiger.

  Rouges comme un fer de forge Ou le taureau qu' on égorge, Sous les regrets assassins Nos coeurs saignent dans nos seins.

  Bientôt viendra la neige au blanc manteau d' hermine ; Dans les parcs défeuillés, sous le ciel morne et gris, Sur leurs socles, parmi les boulingrins flétris, Les priapes frileux feront bien triste mine.

  Dans les jardins mouillés, parmi les vertes branches, Scintille la splendeur des belles roses blanches. La chenille striée et les noirs moucherons Insultent vainement la neige de leurs fronts : Car, lorsque vient la nuit traînant de larges voiles, Que s' allument au ciel les premières étoiles,

  Mon coeur est un cercueil vide dans une tombe ; Mon âme est un manoir hanté par les corbeaux. Ton coeur est un jardin plein des lis les plus beaux ; Ton âme est blanche ainsi que la blanche colombe.

  Je veux un amour plein de sanglots et de pleurs, Un amour au front pâle orné d' une couronne De roses dont la pluie a terni les couleurs, Je veux un amour plein de sanglots et de pleurs.

  La lune se mirait dans le lac taciturne, Pâle comme un grand lis, pleine de nonchaloirs. Quel lutin nous versait les philtres de son urne ? – La brise sanglotait parmi les arbres noirs…

Assez d' existence servile : Que l' on m' emporte dans la ville Où je serai le Khan, Infaillible comme un prophète Et dont la justice parfaite Prodigue le carcan.

Assez de chrysolithe terne : Que l' on me montre la caverne Des kohinors-soleils, Et des saphirs plus bleus que l' onde, Et des clairs rubis de Golconde Au sang des dieux pareils

Assez d' abstinences moroses : De Schiraz effeuillons les roses Au bord du lac sacré, Et que pour moi l' amour ruisselle De sa lèvre d' alme pucelle, Plus doux qu' un vin sucré.

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