Les cantilènes Livre 1

Poésie Jean Moréas

Et j’ irai le long de la mer éternelle
Qui bave et gémit en les roches concaves,
En tordant sa queue en les roches concaves ;
J’ irai tout le long de la mer éternelle.
Je viendrai déposer, ô mer maternelle,
Parmi les varechs et parmi les épaves,
Mes rêves et mon orgueil, mornes épaves,
Pour que tu les berces, ô mer maternelle.
Et j’ écouterai les cris des alcyons
Dans les cieux plombés et noirs comme un remords,
Lire la suite...
Par la douce pitié qui s’ attendrit au pli,
Pourtant dur, de ta lèvre, inaccessible amante,
Saurais-tu donc effacer la marque infamante
Que la vie imprima sur mon front assoupli !
Sois, au moins, la main qui berce, et lorsque a faibli
Mon orgueil, et ce pendant que geint la tourmente,
Abrite-moi comme d’ une magique mante,
Des ténèbres de ta chevelure d’ oubli ;
Lire la suite...
Sous vos longues chevelures, petites fées,
Vous chantâtes sur mon sommeil bien doucement,
Sous vos longues chevelures, petites fées,
Dans la forêt du charme et de l’ enchantement.
Dans la forêt du charme et des merveilleux rites,
Gnomes compatissants, pendant que je dormais,
De votre main, honnêtes gnomes, vous m’ offrîtes
Un sceptre d’ or, hélas ! Pendant que je dormais.
Lire la suite...
Désir de vivre et d’ être heureux, leurre et fallace,
Et monstre indéfectible aux têtes renaissantes,
Malgré l’ automne et les couronnes marcescentes,
De courir tes hasards mon âme n’ est pas lasse.
Car nous n’ espérons point d’ être jamais, hélas !
Le sage dont l’ esprit sûr égorgea les sens ;
Et nous avons au coeur cent taureaux mugissants,
Et la morgue ridicule des guérillas.
Lire la suite...
O les cavales hennissant au vent limpide,
Et les los de triomphe à l’ entour des pavois !
Les cavaliers mordent la cendre, et je me vois
Tel un vaincu que la populace lapide.
L’ ombre se fait suspecte et veuve des hautbois,
Et l’ appareil n’ est plus de la fête splendide ;
Et tout à coup par un maléfice sordide
Des belles dames se décharnèrent les doigts.
Lire la suite...
En son orgueil opiniâtre,
Que d’ un sceptre d’ or se parât,
Que dans un habit d’ apparat
Il eût des poses de théâtre,
Que, de sa prestance idolâtre,
Mît la perle de maint carat
Avec un ruban nacarat
Dans sa chevelure folâtre ;
Lire la suite...
Pleurer un peu, si je pouvais pleurer un peu,
Pleurer comme l’ orphelin, et comme la veuve,
Et comme le pécheur naïf implorant Dieu.
Simple qu’ il soit mon coeur, simplement qu’ il s’ émeuve !
Sur ma guirlande fanée et ma robe neuve
Tissée au ciel avec du blanc, avec du bleu,
Sur ma guirlande fanée emportée au fleuve,
Pleurer un peu, pouvoir pleurer serait mon voeu.
Lire la suite...
Ses mains qu’ elle tend comme pour des théurgies,
Ses deux mains pâles, ses mains aux bagues barbares ;
Et toi son cou qui pour la fête tu te pares !
Ses lèvres rouges à la clarté des bougies ;
Et ses cheveux, et ses prunelles élargies
Lourdes de torpeur comme l’ air autour des mares ;
Parmi les bêtes fabuleuses des simarres,
Vous ses maigreurs, vous mes suprêmes nostalgies ;
Lire la suite...
Dans le jardin taillé comme une belle dame,
Dans ce jardin nous nous aimâmes, sur mon âme !
O souvenances, ô regrets de l’ heure brève,
Souvenances, regrets de l’ heur. ô rêve en rêve
Et triste chant dans la bruine et sur la grève.
Chant triste et si lent et qui jamais ne s’ achève,
Lent et voluptueux, cerf qui de désir brame,
Et tremolo banal, aussi, de mélodrame :
Lire la suite...
Voix qui revenez, bercez-nous, berceuses voix :
Refrains exténués de choses en allées,
Et sonnailles de mule au détour des allées,
Voix qui revenez, bercez-nous, berceuses voix.
Flacons, et vous, grisez-nous, flacons d’ autrefois :
Senteurs en des moissons de toisons recélées,
Chairs d’ ambre, chairs de musc, bouches de giroflées.
Flacons, ô vous, grisez-nous, flacons d’ autrefois.
Lire la suite...

Réalisation : www.redigeons.com - https://www.webmarketing-seo.fr/