Poésie François Tristan L’Hermite

Plaintes d'Acante

Celle dont la dépouille en ce marbre est enclose Fut le digne sujet de mes saintes amours. Las ! depuis qu'elle y dort, jamais je ne repose, Et s'il faut en veillant que j'y songe toujours.

Je surpris l'autre jour la Nymphe que j'adore Ayant sur une jupe un peignoir seulement, Et la voyant ainsi, l'on eût dit proprement Qu'il sortait de son lit une nouvelle Aurore.

Que vous avez d'appas, belle Nuit animée ! Que vous nous apportez de merveille et d'amour ! Il faut bien confesser que vous êtes formée Pour donner de l'envie et de la honte au jour.

Telle qu'était Diane, alors qu'imprudemment L'infortuné chasseur la voyait toute nue, Telle dedans un bain Clorinde s'est tenue, N'ayant le corps vêtu que d'un moite élément.

D'où vient qu'un penser indiscret M'entretient toujours en secret D'un sujet qui m'est si contraire, Et convaincu de trahison Ne saurait jamais se distraire De me présenter du poison ?

Vous que l'ambition dispose à des efforts Que n'oserait tenter un courage vulgaire Et qui vous conduiriez jusqu'au séjour des morts Afin d'y rencontrer de quoi vous satisfaire.

Séjour mélancolique, où les ombres dolentes Se plaignent chaque nuit de leur adversité Et murmurent toujours de la nécessité Qui les contraint d'errer par les tombes relantes,

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