Poésie François Tristan L’Hermite

Plaintes d'Acante

Cy gist un chien qui par Nature
Sçavoit discerner sagement
Durant la Nuict la plus obscure
Le Voleur d’avecque l’Amant.

Sa discrette fidelité
Fit qu’auec beaucoup de tendresse
A sa mort il fut regretté
Par son Maistre, & par sa Maistresse.

Plaintes d’Acante

François Tristan L’Hermite

Deux Merveilles de l’Univers
Tiennent en leurs mains ma fortune,
Et leurs appas sont bien divers :
Car l’une est blonde, & l’autre brune.

Cependant leurs jeunes beautez
Regnent dessus mes volontez
Auec une egalle puissance,
Et dans leur glorieux destin
Je ne voy que la difference
D’un beau soir & d’un beau matin.

Plaintes d’Acante

François Tristan L’Hermite

Soupir, subtil esprit de flame
Qui sors du beau sein de Madame,
Que fait son coeur aprens-le moy?
Me conserve-t’il bien la foy?

Ne serois tu pas l’interprete
D’une autre passion secrete?
O Cieux! qui d’un si rare effort
Mistes tant de vertus en elle,
Destournez un si mauvais sort :
Qu’elle ne soit point infidelle,

Lire la suite...

Vieux Singe au visage froncé
De qui tous les Pages se rient,
Et dont le seul nom prononcé
Fait taire les enfants qui crient.
Vieux simulachre de la Mort,

Qui nous importunes si fort
Par le chagrin de ta vieillesse ;
A parler sans déguisement,
Le temps avec trop de paresse
Te traîne vers le monument.

Lire la suite...

Voyant dessouz un Ciel ma Clorinde en langueur,
Mille Amours desolez pleurent de son martire,
S’entredisans tout bas, que la mesme rigueur
Qui change ses beautez, destruira leur Empire.

Aprochez, Medecins, & vueillez un peu dire
Si cette esmotion doit tirer en longueur :
Si vous estes sçavans vous le pourrez bien lire
Selon le batement & du poulx & du Coeur.

Mais quoy? vous abusez de vostre privilege ;

Lire la suite...

Europe s’apuyant d’une main sur la croupe
Et se tenant de l’autre aux cornes du Taureau,
Regardoit le rivage & reclamoit sa troupe,
Qui s’affligeoit de voir cet accident nouveau.

Tandis, l’amoureux Dieu qui brusloit dedans l’eau,
Fend son jaspe liquide & de ses pieds le coupe
Aussi legerement que peut faire un vaisseau
Qui le vent favorable a droitement en poupe.

Mais Neptune envieux de ce ravissement,
Disoit par moquerie à ce lascif Amant

Lire la suite...

Je croyois que vous eussiez
Mille vertus heroïques,
Je croyois que vous feussiez
De ces esprits angeliques,

A la fin l’emotion
De la moindre passion
Montre le fonds de vostre ame
Ou je voy distinctement
Que vous n’estes qu’une femme,
Mais femme, parfaitement.

 

Plaintes d’Acante

François Tristan L’Hermite

Je veux eslever jusqu’aux cieux
Un objet qui plaist aux beaux yeux
Que les miens treuvent adorables :
Et monstrer avecque raison
Qu’entre les couleurs agreables,
Le vert est sans comparaison.

Lorsque le Monde fut produit,
La premiere fois que la nuit
Quita sa place à la lumiere ;

Lire la suite...

Meurs, timide penser, ennemy de ma joye,
Qui portes dans mon sein la tristesse & la mort :
Mes jours furent filez d’une si belle soye
Que je n’ay point à craindre aucun funeste sort.

Desloge de mon coeur, ce n’est pas une proye
Où tu doives porter ton insolent effort :
Amour en deux beaux yeux d’un regard me foudroye
Si je croy de mes sens le perfide rapport.

Ce n’est pas que je pense avoir tout le merite
Qui pourroit retenir l’esprit de Roselite :

Lire la suite...

Beau Monstre de Nature, il est vray, ton visage Est noir au dernier point, mais beau parfaitement : Et l'Ebene poly qui te sert d'ornement Sur le plus blanc yvoire emporte l'avantage.

Réalisation : www.redigeons.com - https://www.webmarketing-seo.fr/