Poésie François Coppée

Promenades et Intérieurs

Au village, en juillet. Un soleil accablant.
Ses lunettes au nez, le vieux charron tout blanc
Répare, près du seuil, un timon de charrue.
Le curé tout à l’heure a traversé la rue,

Nu-tête. Les trois quarts ont sonné, puis plus rien,
Sauf monsieur le marquis, un gros richard terrien,
Qui passe, en berlingot  et la pipe à la bouche,
Et qui, pour délivrer sa jument d’une mouche,
Lance des claquements de fouet très campagnards
Et fait fuir, effarés, coqs, poules et canards.

 

Promenades et intérieurs

François Coppée

Sur le rempart, portant mon lourd fusil de guerre,
Je vous revois, pays que j’explorais naguère,
Montrouge, Gentilly, vieux hameaux oubliés
Qui cachez vos toits bruns parmi les peupliers.
Je respire, surpris, sombre ruisseau de Bièvre,
Ta forte odeur de cuir et tes miasmes de fièvre.

Je vous suis du regard, pauvres coteaux pelés,
Tels encor que jadis je vous ai contemplés,
Et dans ce ciel connu, mon souvenir s’étonne
De retrouver les tons exquis d’un soir d’automne ;

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Le hibou parmi les décombres Hurle, et Décembre va finir ; Et le douloureux souvenir Sur ton cœur jette encor ses ombres.

Par les branches désordonnées Le coin d’étang est abrité, Et là poussent en liberté Campanules et graminées.

Dans cette vie ou nous ne sommes Que pour un temps si tôt fini, L’instinct des oiseaux et des hommes Sera toujours de faire un nid ;

Depuis un mois, chère exilée, Loin de mes yeux tu t’en allas, Et j’ai vu fleurir les lilas Avec ma peine inconsolée.

Lorsqu’un homme n’a pas d’amour, Rien du printemps ne l’intéresse ; Il voit même sans allégresse, Hirondelles, votre retour ;

Non, ce n’est pas en vous « un idéal » que j’aime, C’est vous tout simplement, mon enfant, c’est vous-même. Telle Dieu vous a faite, et telle je vous veux. Et rien ne m’éblouit, ni l’or de vos cheveux, Ni le feu sombre et doux de vos larges prunelles, Bien que ma passion ait pris…

Quand vous me montrez une rose Qui s’épanouit sous l’azur, Pourquoi suis-je alors plus morose ? Quand vous me montrez une rose, C’est que je pense à son front pur.

Mon rêve, par l’amour redevenu chrétien, T’évoque à ses côtés, ô doux ange gardien, Divin et pur esprit, compagnon invisible Qui veilles sur cette âme innocente et paisible ! N’est-ce pas, beau soldat des phalanges de Dieu,

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