Poésie François Coppée

L'exilée

Quand de la divine enfant de Norvège,
Tout tremblant d’amour, j’osai m’approcher,
Il tombait alors des flocons de neige.

Comme un martinet revole au clocher,
Quand je la revis, plein d’ardeurs plus fortes,
Il tombait alors des fleurs de pêcher.

Ah ! je te maudis, exil qui l’emportes
Et me veux du coeur l’espoir arracher !
Il ne tombe plus que des feuilles mortes.

 

L’exilée

François Coppée

Triste exilé, qu'il te souvienne Combien l'avenir était beau, Quand sa main tremblait dans la tienne Comme un oiseau,

Promenades et Intérieurs

À mes jeunes camarades, aux équipiers du Club nautique de Chatou

Jadis, la Seine était verte et pure à Saint-Ouen,
Et, dans cette banlieue aujourd’hui sale et rêche,
J’ai canoté, j’ai même essayé de la pêche.
Le lieu semblait alors champêtre. Que c’est loin !

On dînait là. Le beurre, au cabaret du coin,
Était rance, et le vin fait de bois de campêche.
Mais les charmants retours, sur l’eau, dans la nuit fraîche,
Quand, sur les prés fauchés, flottait l’odeur du foin !

Oh ! quels vieux souvenirs et comme le temps marche !

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Bon Suisse expatrié, la tristesse te gagne,
Loin de ton Alpe blanche aux éternels hivers ;
Et tu songes alors aux prés de fleurs couverts,
À la corne du pâtre, au loin, dans la montagne.

Lassé parfois, je fuis la ville comme un bagne,
Et son ciel fin, miré dans la Seine aux flots verts.
Mais c’est là que mes yeux d’enfant se sont ouverts,
Et le mal du pays me prend, à la campagne.

Le vrai fils de Paris ne regrette pas moins
Le relent du pavé que, toi, l’odeur des foins.

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Au Louvre, je vais voir ces délicats modèles
Qui montrent aux oisifs les richesses d’un port,
Je connais l’armement des vaisseaux de haut-bord
Et la voilure des avisos-hirondelles.

J’aime cette flottille avec ses bagatelles,
Le carré d’Océan qui lui sert de support,
Ses petits canons noirs se montrant au sabord,
Et ses mille haubans fins comme des dentelles.

Je suis un loup de mer et sais apprécier
Le blindage de cuivre et les ancres d’acier :

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C’est l’heure exquise et matinale
Que rougit un soleil soudain.
À travers la brume automnale
Tombent les feuilles du jardin.

Leur chute est lente. On peut les suivre
Du regard en reconnaissant
Le chêne à sa feuille de cuivre,
L’érable à sa feuille de sang.

Les dernières, les plus rouillées,
Tombent des branches dépouillées :

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J’étais assis devant la mer sur le galet.
Sous un ciel clair, les flots d’un azur violet,
Après s’être gonflés en accourant du large,
Comme un homme accablé d’un fardeau s’en décharge,
Se brisaient devant moi, rythmés et successifs
J’observais ces paquets de mer lourds et massifs
Qui marquaient d’un hourra leurs chutes régulières

Et puis se retiraient en râlant sur les pierres.
Et ce bruit m’enivrait ; et pour écouter mieux

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C’est régate à Joinville. On tire le pétard.
Les cinq canots, deux en avant, trois en retard,
Partent, et de soleil la rivière est criblée.
Sur la berge, là-bas, la foule est assemblée,

Et la gendarmerie est en pantalon blanc.
– Et l’on prévoit, ce soir, les rameurs s’attablant
Au cabaret, les chants des joyeuses équipes,
Les nocturnes bosquets constellés par les pipes,
Et les papillons noirs qui, dans l’air échauffé,
Se brûlent au cognac flambant sur le café.

 

Promenades et intérieurs

François Coppée

Le cheval qu’a jadis réformé la remonte
Est là, près du trottoir du long faubourg qui monte,
Pour qu’on l’attelle en flèche au prochain omnibus.
Il a cet air navré des animaux fourbus,
Sous son sale harnais qui traîne par derrière.

Mais lorsque, précédés d’une marche guerrière,
Des soldats font venir les femmes aux balcons,
Il se souvient alors du sixième dragon
Et du soleil luisant sur les lattes vermeilles ;
Et le vieux vétéran redresse les oreilles.

 

Promenades et intérieurs

François Coppée

L’homme, en manches de veste, et sous son chapeau noir,
À cause du soleil, ayant mis son mouchoir,
Tire gaillardement la petite voiture,
Pour faire prendre l’air à sa progéniture,

Deux bébés, l’un qui dort, l’autre suçant son doigt.
La femme suit et pousse, ainsi qu’elle le doit,
Très lasse, et sous son bras portant la redingote ;
Et l’on s’en va dîner dans une humble gargote
Où sur le mur est peint – vous savez ? à Clamart ! –
Un lapin mort, avec trois billes de billard.

 

Promenades et intérieurs

François Coppée

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