Les heures du soir

Viens jusqu’à notre seuil répandre
Ta blanche cendre
Ô neige pacifique et lentement tombée :
Le tilleul du jardin tient ses branches courbées
Et plus ne fuse au ciel la légère calandre.

Ô neige,
Qui réchauffes et qui protèges
Le blé qui lève à peine
Avec la mousse, avec la laine
Que tu répands de plaine en plaine !

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Sois-nous propice et consolante encor, lumière,
Pâle clarté d’hiver qui baignera nos fronts,
Quand, tous les deux, l’après-midi, nous nous rendrons
Respirer au jardin une tiédeur dernière.

Nous t’aimâmes, jadis, avec un tel orgueil,
Avec un tel amour bondissant de notre âme
Qu’une suprême et douce et bienveillante flamme
Nous est due à cette heure où nous attend le deuil.

Tu es celle que nul homme jamais oublie
Du jour que tu frappas ses bras victorieux

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Si nos coeurs ont brûlé en des jours exaltants
D’une amour claire autant que haute,
L’âge aujourd’hui nous fait lâches et indulgents
Et paisibles devant nos fautes.

Tu ne nous grandis plus, ô jeune volonté,
Par ton ardeur non asservie,
Et c’est de calme doux et de pâle bonté
Que se colore notre vie.

Nous sommes au couchant de ton soleil, amour,
Et nous masquons notre faiblesse

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S’il était vrai
Qu’une fleur des jardins ou qu’un arbre des prés
Pût conserver quelque mémoire
Des amants d’autrefois qui les ont admirés
Dans leur fraîcheur ou dans leur gloire
Notre amour s’en viendrait
En cette heure du long regret
Confier à la rose ou dresser dans le chêne
Sa douceur ou sa force avant la mort prochaine.

Il survivrait ainsi,

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Que nous sommes encore heureux et fiers de vivre
Quand le moindre rayon entr’aperçu là-haut
Illumine un instant les pauvres fleurs de givre
Que le gel dur et fin grava sur nos carreaux.

L’élan bondit en nous et l’espoir nous emporte,
Et notre vieux jardin nous apparaît encor
Malgré ses longs chemins jonchés de branches mortes
Vivant et pur et clair et plein de lueurs d’or.

Je ne sais quoi de lumineux et d’intrépide
Se glisse en notre sang et nous réincarnons

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Quand le ciel étoilé couvre notre demeure
Nous nous taisons durant des heures
Devant son feu intense et doux
Pour nous sentir, plus fervemment, émus de nous.

Les grands astres d’argent tracent là-haut leur route ;
Sous les flammes et les lueurs
La nuit étend ses profondeurs
Et le calme est si grand que l’océan l’écoute !

Mais qu’importe que se taise même la mer,
Si dans l’espace immense et clair

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Peut-être
Lorsque mon dernier jour viendra,
Peut-être
Qu’à ma fenêtre,
Ne fût-ce qu’un instant,
Un soleil frêle et tremblotant
Se penchera.

Mes mains alors, mes pauvres mains décolorées
Seront quand même encore par sa gloire dorées ;
Il glissera son baiser lent, clair et profond

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Oh ! tes si douces mains et leur lente caresse
Se nouant à mon cou et glissant sur mon torse
Quand je te dis, au soir tombant, combien ma force
S’alourdit, jour à jour, du plomb de ma faiblesse !

Tu ne veux pas que je devienne ombre et ruine
Comme ceux qui s’en vont du côté des ténèbres,
Fût-ce avec un laurier entre leurs mains funèbres
Et la gloire endormie en leur creuse poitrine.

Oh ! que la loi du temps m’est par toi adoucie,
Et que m’est généreux et consolant ton songe.

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Lorsque tu fermeras mes yeux à la lumière,
Baise-les longuement, car ils t’auront donné
Tout ce qui peut tenir d’amour passionné
Dans le dernier regard de leur ferveur dernière.

Sous l’immobile éclat du funèbre flambeau,
Penche vers leur adieu ton triste et beau visage
Pour que s’imprime et dure en eux la seule image
Qu’ils garderont dans le tombeau.

Et que je sente, avant que le cercueil se cloue,
Sur le lit pur et blanc se rejoindre nos mains

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Lorsque ta main confie, un soir des mois torpides,
Au cellier odorant les fruits de ton verger,
Il me semble te voir avec calme ranger
Nos anciens souvenirs parfumés et sapides.

Et le goût m’en revient tel qu’il passa jadis
Dans l’or et le soleil et le vent – sur mes lèvres ;
Et je revis alors mille instants abolis
Et leur joie et leur rire et leurs cris et leurs fièvres.

Le passé ressuscite avec un tel désir
D’être encor le présent et sa vie et sa force,

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