poésie Emile Nelligan

Leurs yeux se sont éteints dans la dernière Nuit ; Ils ont voulu la vie, ils ont cherché le Rêve ; Pour leurs coeurs blasphémants d'où l'espoir toujours fuit Ils n'ont jamais trouvé la vraie et bonne sève.

C'est l'heure solennelle et calme du silence, L'Angélus a sonné notre prière à Dieu ; Le coeur croyant sommeille en un repos immense, Noyé dans les parfums languissants du Saint-Lieu.

Les heures crèvent comme une bombe ; À l'espoir notre jour qui tombe Se mêle avec le confiant. Pique aiguille ! assez piqué, piquant ! Les heures crèvent comme une bombe

Je ne suis qu'un être chétif : Tout jeune, m'a laissé ma mère ; Je vais errant et maladif Je n'ai pas d'amis sur la terre.

Les bruns chêneaux altiers traçaient dans le ciel triste, D'un mouvement rythmique, un bien sombre contour ; Les beaux ifs langoureux, et l'ypréau qui s'attriste Ombrageaient les verts nids d'amour.

Les amours d'élite

Certes, il ne faut avoir qu’un amour en ce monde,
Un amour, rien qu’un seul, tout fantasque soit-il ;
Et moi qui le recherche ainsi, noble et subtil,
Voici qu’il m’est à l’âme une entaille profonde.

Elle est hautaine et belle, et moi timide et laid :
Je ne puis l’approcher qu’en des vapeurs de rêve.
Malheureux ! Plus je vais, et plus elle s’élève
Et dédaigne mon coeur pour un oeil qui lui plaît.

Voyez comme, pourtant, notre sort est étrange !
Si nous eussions tous deux fait de figure échange,

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La chapelle ancienne est fermée,
Et je refoule à pas discrets
Les dalles sonnant les regrets
De toute une ère parfumée.

Et je t’évoque, ô bien-aimée !
Épris de mystiques attraits :
La chapelle assume les traits
De ton âme qu’elle a humée.

Ton corps fleurit dans l’autel seul,
Et la nef triste est le linceul

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Je rêve de marcher comme un conquistador,
Haussant mon labarum triomphal de victoire,
Plein de fierté farouche et de valeur notoire,
Vers des assauts de ville aux tours de bronze et d’or.

Comme un royal oiseau, vautour, aigle ou condor,
Je rêve de planer au divin territoire,
De brûler au soleil mes deux ailes de gloire
À vouloir dérober le céleste Trésor.

Je ne suis hospodar, ni grand oiseau de proie ;
À peine si je puis dans mon coeur qui guerroie

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Je sais en une église un vitrail merveilleux
Où quelque artiste illustre, inspiré des archanges,
A peint d’une façon mystique, en robe à franges,
Le front nimbé d’un astre, une Sainte aux yeux bleus.

Le soir, l’esprit hanté de rêves nébuleux
Et du céleste écho de récitals étranges,
Je m’en viens la prier sous les lueurs oranges
De la lune qui luit entre ses blonds cheveux.

Telle sur le vitrail de mon coeur je t’ai peinte,
Ma romanesque aimée, ô pâle et blonde sainte,

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