Pâle dans les longs bouleaux Et cette image importune Reviendra dans mon cerveau. Elle viendra persistante Comme un avertissement
À la figure flétrie, Quelle étrange horlogerie Vous fait aller titubant ? Quel cœur dans votre poitrine Éveille des souvenirs ?
Et transparente à demi, Glisse sur la vaporeuse Douceur d’un ciel endormi. Dans les branches dénudées Et si grêles d’un bouleau
S’en vont sur le chemin luisant encor de pluie. Un soleil velouteux et gris de petit jour Enveloppe en rêvant la montagne endormie. La vache dit adieu à son dernier matin :
Rejoint son obscure chaumine Qui somnole sur la colline Dans le velours tendre d’un pré. Il voit d’en bas tourner le chien
Sur des cailloux et des pervenches. Quelle odeur de printemps s’épanche De cette pure voix d’oiseau !
Un vague arc-en-ciel s’allonge et verdit Sur la côte obscure ; Sa courbe légère et rose grandit
Prend les arbres nus Dans sa molle haleine. Le jardin frileux Sous un voile bleu Se devine à peine.
Dans la pelouse endormie Sous l'azur pâle et rêveur, Les brises en accalmie Bercent les bouleaux pleureurs. En ce silence de rêve Une voix d'oiseau Seule et divine s'élève Des bouleaux.
Une lente voix murmure Dans la verte feuillaison ; Est-ce un rêve ou la nature Qui réveille sa chanson ? Cette voix dolente et pure Glisse le long des rameaux : Si fondue est la mesure Qu'elle se perd dans les mots, Si douces sont les paroles Qu'elles meurent dans le son Et font sous…