Les Poèmes dorés

Poésie Anatole France

Ô vous qui, dans la paix et la grâce fleuris,
Animez et les champs et vos forêts natales.
Enfants silencieux des races végétales.
Beaux arbres, de rosée et de soleil nourris,

La Volupté par qui toute race animée
Est conçue et se dresse à la clarté du jour,
La mère aux flancs divins de qui sortit l’amour.
Exhale aussi sur vous son haleine embaumée.

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Aux vapeurs du matin, sous les fauves ramures
Que le vent automnal emplit de longs murmures,
Les rivaux, les deux cerfs luttent dans les halliers :
Depuis l’heure du soir où leur fureur errante
Les entraîna tous deux vers la biche odorante,
Ils se frappent l’un l’autre à grands coups d’andouillers.

Suants, fumants, en feu, quant vint l’aube incertaine,
Tous deux sont allés boire ensemble à la fontaine,
Puis d’un choc plus terrible ils ont mêlé leurs bois.

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Dans l’essaim nébuleux des constellations,
O toi qui naquis la première,
O nourrice des fleurs et des fruits, ô lumière,
Blanche mère des visions,

Tu nous viens du soleil à travers les doux voiles
Des vapeurs flottantes dans l’air :
La vie alors s’animfe et, sous ton frisson clair,
Sourit, ô fille des étoiles!
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Dans la tiède forêt que baigne un jour vermeil,
Le grand chêne noueux, le père de la race,
Penche sur le coteau sa rugueuse cuirasse
Et, solitaire aïeul, se réchauffe au soleil.

Du fumier de ses fils étouffés sous son ombre.
Robuste, il a nourri ses siècles florissants.
Fait bouillonner la sève en ses membres puissants.
Et respiré le ciel avec sa tête sombre.

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Dans la serre vitrée où de rigides plantes,
Filles d’une jeune île et d’un lointain soleil,
Sous un ciel toujours gris, sommeillant sans réveil,
Dressent leurs dards aigus et leurs floraisons lentes,

Lui, trembiant, secoué par la flèvre et la toux,
Tordant son triste corps sous des lambeaux de laine,
Entre ses longues dents pousse une rauque haleine
Et sur son sein velu croise ses longs bras roux.

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On entend l’Océan heurter les promontoires;
De lunaires clartés blêmissent le ravin
Où l’homme perdu, seul, épars, se cherche en vain;
Le vent du nord, sonnant dans les frondaisons noires.
Sur les choses sans forme épand l’effroi divin.

Paisibles habitants aux lentes destinées,
Les grands sapins, pleins d’ombre et d’agrestes senteurs.
De leurs sommets aigus couronnent les hauteurs ;
Leurs branches, sans fléchir, vers le gouffre inclinées,
Tristes, semblent porter d’iniques pesanteurs.
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Hélas! celle qui, jeune en la belle saison,
Causa dans les blés verts une ardente querelle
Et suivit le vainqueur ensanglanté pour elle,
La compagne au bon cœur qui bâtit la maison

Et nourrit les petits aux jours de la moisson,
Vois : les chiens ont forcé sa retraite infidèle.
C’est en vain qu’elle fuit dans l’air à tire-d’aile,
Le plomb fait dans sa chair passer le grand frisson.
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Sous les branches de saule en la vase baignées
Un peuple impur se tait, glacé dans sa torpeur,
Tandis qu’on voit sur l’eau de grêles araignées
Fuir vers les nymphéas que voile une vapeur.

Mais, planant sur ce monde où la vie apaisée
Dort d’un sommeil sans joie et presque sans réveil.
Des êtres qui ne sont que lumière et rosée
Seuls agitent leur âme éphémère au sommeil.

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Tout dans l’immuable Nature
Est miracle aux petits enfants :
Ils naissent, et leur âme obscure
Éclôt dans des enchantements.

Le reflet de cette magie
Donne à leur regard un rayon.
Déjà la belle illusion
Excite leur frêle énergie.
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Si la vierge vers toi jette sous les ramures
Le rire par sa mère à ses lèvres appris ;
Si, tiède dans son corps dont elle sait le prix,
Le désir a gonflé ses formes demi-mûres ;

Le soir, dans la forêt pleine de frais murmures,
Si, méditant d’unir vos chairs et vos esprits,
Vous mêlez, de sang jeune et de baisers fleuris,
Vos lèvres, en jouant, teintes du suc des mûres ;
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