Poésie Alphonse Allais

Recueils de poèmes

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Un de mes bons amis de Rouen, garçon d’infiniment de cœur et de beaucoup de talent, M. Raoul Oger, pour ne citer que ses initiales, a conçu depuis longtemps, à l’égard des ponts et chaussées, une haine que la cognée du pardon ne saura jamais abattre.

Rien ne m’ôtera de l’idée qu’il n’y ait sous cette implacabilité quelque inavouée histoire de femme. Mais n’insistons pas: nous pourrions désobliger du même coup mon ami Oger et un ingénieur peut-être honorable.

Bornons-nous à enregistrer, du haut de notre tribune, l’histoire que me confie le jeune littérateur rouennais.

J’aurais volontiers reproduit littéralement sa lettre (ce qui eût merveilleusement convenu à mon genre d’activité); mais, par malheur, Oger a cru devoir mêler à son récit le nom d’une des plus honorables familles d’Elbeuf. Et je n’étonnerai personne en proclamant mon culte pour les familles d’Elbeuf, même les plus dévoyées.
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Ma jument baie cerise était atteinte de coqueluche, et mon alezan hors de service à la suite de chagrins d’amour. Quant à mes robustes percherons, impossible de compter sur eux, totalement abrutis qu’ils sont par la lecture à haute voix, devant eux, de la chronique d’un penseur bien personnel et profond.

D’autre part, je me trouvais dénué des deux francs nécessaires à la mobilisation d’un fiacre !

Alors, quoi ?

Aller à pied, dites-vous ?

J’aurais bien voulu vous y voir.

C’était loin, où j’allais, très loin, dans un endroit situé à une portée de fusil environ et deux encâblures du tonnerre de Dieu ! je résolus donc de prendre l’omnibus.

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Le record de la paresse ingénieuse (pour champions âgés de moins de sept ans) peut se vanter d’être détenu par mon jeune et nouvel ami Alfred, plus connu sous le nom de Freddy, et même, simplement, de Fred.

Voyez plutôt cette performance:

Moi. Pourquoi, mon petit Fred, te coupes-tu les ongles avant de te laver les mains ?

Fred. Parce que… je vais te dire… toutes ces petites rognures que j’enlève… eh bien…

Moi. Eh bien ?

Fred. Eh bien… c’est autant de moins à nettoyer !

Fred apporte un égal parti pris de non-effort aux choses de l’éducation.
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Quant à moi, ajoutai-je, il y a bien longtemps, bien longtemps que je n’ai passé le premier de l’An à Paris.

Vous regrettez de vous y trouver, cette année ?

Un regard mais quel regard ! fut ma réponse.

Où étiez-vous l’année dernière ?

À Cannes.

Et l’autre année dernière ?
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Je viens de recevoir le Temps, un numéro du Temps, vieux pour vous, ô Parisiens altérés d’actualité, mais frais encore pour le relégué que je suis en une sorte de Thébaïde lointaine et méridionale.

Vais-je lire le Temps ?

Ma foi, non ! Pourquoi lirais-je le Temps ?

Et je jette sur les massives colonnes de cet organe crépusculaire un regard distrait.

Mais soudain mon œil s’allume et voilà qu’une vive liesse embrase mon vieux cœur.

C’est que j’ai aperçu le nom prestigieux de notre brave général Poilloüe de Saint-Mars, commandant en chef le 12e corps, à Limoges.
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C’était un homme bon, mais bon dans toute l’énergie du terme.

Je dirais presque qu’il était bon comme la lune, si la mansuétude de ce pâle satellite ne se panachait d’une candeur pour ne pas dire plus, bien en passe de devenir légendaire.

Il était aussi bon que la lune, mais plus intelligent.

Chose étrange, les somptueuses catastrophes le remuaient moins profondément que les petites misères courantes.

Le rapide de Nice aurait rencontré l’express du Havre, au grand écrabouillement de tous messieurs et dames, que notre ami se fût moins ému qu’au spectacle champs-élyséens de chèvres traînant, en leur minuscule voiture, une potée de trop lourds gosses.
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À Nice, cet hiver, j’ai fait connaissance d’un ingénieux et téméraire lieutenant de chasseurs alpins qui s’appelait Élie Coïdal.

J’eus même l’occasion de parler de lui naguère au sujet de sa géniale bicyclette de montagne (dis-moi, lecteur, dis-moi, t’en souviens-tu ?).

En se quittant, on s’était juré de s’écrire; c’est lui qui a tenu parole.

” Camp de Châlons, 19 avril.
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Dites-moi, Captain, êtes-vous au courant des différents projets déposés en vue de l’Exposition de 1900 ?

Je les connais depuis longtemps. Tous font preuve d’une imagination assez misérable, sauf, pourtant, celui de mon ami Otto, qui consiste en une immense escarpolette balançant des familles entières du Trocadéro à l’École militaire. Ça, ça n’est pas banal !

En effet !… Et vous, Captain, prendrez-vous pas part à ce pacifique tournoi ?

J’y compte bien… Pour le moment, j’ai deux entreprises, une petite et une grande.

La petite, d’abord ?
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Je viens du Havre par le train qui arrive à 11 h. 5.

J’ai donné, par dépêche, un rendez-vous à un de mes amis au café Terminus. Nous devons déjeuner ensemble et je l’attends.

Il n’arrive pas vite. Peut-être s’imagine-t-il, cet idiot, que je n’ai d’autre mission en la vie que l’attendre.

Garçon, de quoi écrire ! commandé-je pour tuer le temps.
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Un de mes jeunes lecteurs du Tarn très gentil garçon, si j’en crois la graphologie me soumet une idée des plus ingénieuses, patriarcalement simple, mais encore fallait-il la trouver. L’éternelle histoire de Christophe Colomb !

Je vais résumer, avec ma maîtrise habituelle, la lettre de mon brave ami du Tarn:

Le flamboiement inaccoutumé de Mars uniquement dû, d’ailleurs, à la générale adoption du bec Auer par les habitants de cette planète a remis sur le tapis de l’actualité la toujours intéressante question des communications interastrales.

Si véritablement des mondes animés grouillent au sein des astres environnants, comment leur faire signe que la terre, notre petite terre chérie, est peuplée d’êtres intelligents (je parle de mes lecteurs), fort capables d’entrer en communication avec eux ?

Mon pauvre ami Charles Cros avait été très préoccupé de cette question et il publia un petit mémoire fort curieux en lequel il proposait un système de signaux lumineux, commençant sur un rythme très simple pour arriver à des rythmes plus compliqués, mais très susceptibles d’être perçus et compris par des bonshommes cérébralement analogues à nous.
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