Billets du soir

Août donne le désir et l’espérance de septembre. Sa chaleur raisonnable, sa profonde lumière, ses soirs moins longs, ses fraîches nuits, tout indique que les jours s’acheminent lentement vers l’automne, et marcheront bientôt sur les feuilles mortes.

Le soleil enveloppe la terre d’une clarté plus fine, et les arbres vert foncé se détachent sur l’horizon en lignes nettes, comme gravés à même
le ciel. De grands nuages blancs animent l’espace où se creusent des golfes d’azur aux berges neigeuses; des pigeons traversent ce paysage aérien et tournoient sur cette eau bleue dont la masse se forme et se déforme indéfiniment.
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Dieu merci, nous ne déménageons pas ! Déménager, c’est mourir beaucoup, c’est briser autant de liens avec le passé que de meubles le long du chemin douloureux. Déménager, c’est troubler la paix des souvenirs dormant au fond des tiroirs secrets, c’est bousculer l’intimité des chambres douces et brutaliser la rêverie des choses…

Et dire qu’il y a des gens qui passent indifféremment d’une demeure à
l’autre comme ils changent de tramway ! Ceux-là, je les envie, car ils
n’ont point d’âme, ils n’ont pas même, comme les animaux, l’instinct
qui pousse à revenir toujours au premier gîte. Ils ne s’attachent à
rien; leur maison ne leur représente qu’un amas ordonné de briques, de
bois et de plâtre que l’on quitte sans regret. Ils s’accommodent de

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Les oiseaux ont-ils une âme? J’aimerais qu’ils eussent une âme, je m’expliquerais mieux alors leur obscure destinée, – leurs souffrances récompensées ailleurs, dans quelque paradis particulier où pullulent les insectes rares et beaux, et que les élus aux ailes agiles rempliraient de chants à la gloire de Dieu.

Les oiseaux ressemblent tellement aux hommes qu’ils doivent avoir une âme …

J’ai vu des hirondelles construire leur nid, couver patiemment au fond
d’une boîte étroite par des jours torrides, je les ai vues nourrir – ou
gaver – leur progéniture, faisant, pour contenter d’insatiables
appétits, des centaines de voyages; je les ai vues enseigner à leurs
nouveau-nés l’art merveilleux du vol, avec des cris presque humains,
des tendresses alarmées, des attentions minutieuses, des joies dont

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J’entends le vent, le vent glacé d’automne, gémir dans les branches, – ou-ou-ou-ou … Et je songe aux ballades de la vieille Allemagne qui parlent de châteaux croulant sur de hautes montagnes.

Le vent secoue les persiennes, comme s’il voulait entrer se réchauffer près du poêle de la cuisine, sur lequel de l’eau bouillonne.

Au bout extrême des branches, de petits bouquets de feuilles résistent
en s’agitant. Demain, tous les arbres seront nus, peut-être, car ce
vent finira par avoir raison des feuilles courageuses qui luttent.

En dépit des souffles forts, le brouillard persiste; lui aussi,
cependant, s’évanouira; il fondra, et le soleil dorera les maisons
lointaines qu’on n’aperçoit plus aujourd’hui. Le vent est le maître de

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La musique, ce soir, berce comme une vague mourante. Elle est si douce qu’elle se fond dans l’air et se dilue dans le silence. Note à note s’égrène la mélodie, comme la fleur s’effeuille pétale à pétale, sans bruit. Et l’harmonie flotte, poussière de sons, dans l’atmosphère paisible…

La musique est douce, douce… L’ombre en est tranquillisée, le cœur
saisi. Presque rien pour l’oreille, tout pour l’âme. Je ne sais quoi
dans l’heure endormie la subtilise, l’évapore.

Elle semble venir de très loin, peut-être du fond de mon passé, comme
une brise qui aurait fait le tour de la terre; et je ne sais si la
chanson est en-dedans ou en-dehors de moi, tant elle est douce, douce,
douce…

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