Voyage au centre de la Terre

Chapitre XXI

Le lendemain le départ eut lieu de grand matin. Il fallait se hâter. Nous étions à cinq jours de marche du carrefour.

Je ne m’appesantirai pas sur les souffrances de notre retour. Mon oncle les supporta avec la colère d’un homme qui ne se sent pas le plus fort; Hans avec la résignation de sa nature pacifique; moi, je l’avoue, me plaignant et me désespérant; je ne pouvais avoir de cœur contre cette mauvaise fortune.

Ainsi que je l’avais prévu, l’eau fit tout à fait défaut à fa fin du premier jour de marche; notre provision liquide se réduisit alors à du genièvre; mais cette infernale liqueur brûlait le gosier, et je ne pouvais même en supporter la vue. Je trouvais la température Lire la suite...

Chapitre XXII

La descente recommença cette fois par la nouvelle galerie. Hans marchait en avant, selon son habitude. Nous n’avions pas fait cent pas, que le professeur, promenait sa lampe le long des murailles, s’écriait:

” Voilà les terrains primitifs ! nous sommes dans la bonne voie ! marchons ! marchons !

Lorsque la terre se refroidit peu à peu aux premiers jours du monde, la diminution de son volume produisit dans l’écorce des dislocations, des ruptures, des retraits, des fendilles. Le couloir actuel était une fissure de ce genre, par laquelle s’épanchait autrefois le granit éruptif; ses mille détours formaient un inextricable labyrinthe à travers le sol primordial. Lire la suite...

Chapitre XXIII

Pendant une heure j’imaginai dans mon cerveau en délire toutes les raisons qui avaient pu faire agir le tranquille chasseur. Les idées les plus absurdes s’enchevêtrèrent dans ma tête. Je crus que j’allais devenir fou !

Mais enfin un bruit de pas se produisit dans les profondeurs du gouffre. Hans remontait. La lumière incertaine commençait à glisser sur les parois, puis elle déboucha par l’orifice du couloir. Hans parut.

Il s’approcha de mon oncle, lui mit la main sur l’épaule et l’éveilla doucement. Mon oncle se leva. Lire la suite...

Chapitre XXIV

Le lendemain nous avions déjà oublié nos douleurs passées. Je m’étonnai tout d’abord de n’avoir plus soif, et j’en demandai la raison. Le ruisseau qui coulait à mes pieds en murmurant se chargea de me répondre.

On déjeuna et l’on but de cette excellente eau ferrugineuse. Je me sentais tout ragaillardi et décidé à aller loin. Pourquoi un homme convaincu comme mon oncle ne réussirait-il pas, avec un guide industrieux comme Hans, et un neveu “ déterminé ” comme moi ? Voilà les belles idées qui se glissaient dans mon cerveau ! On m’eût proposé de remonter à la cime du Sneffels que j’aurais refusé avec indignation. Lire la suite...

Chapitre XXV

Je me réveillai donc, le dimanche matin, sans cette préoccupation habituelle d’un départ immédiat. Et, quoique ce fût au plus profond des abîmes, cela ne laissait pas d’être agréable. D’ailleurs, nous étions faits à cette existence de troglodytes. Je ne pensais guère au soleil, aux étoiles, à la lune, aux arbres, aux maisons, aux villes, à toutes ces superfluités terrestres dont l’être sublunaire s’est fait une nécessité. En notre qualité de fossiles, nous faisions fi de ces inutiles merveilles.

La grotte formait une vaste salle. Sur son sol granitique coulait doucement le ruisseau fidèle. À une pareille distance de sa source, Lire la suite...

Chapitre XXVI

Il faut l’avouer, les choses jusqu’ici se passaient bien, et j’aurais eu mauvaise grâce à me plaindre. Si la “ moyenne ” des difficultés ne s’accroissait pas, nous ne pouvions manquer d’atteindre notre but. Et quelle gloire alors ! J’en étais arrivé à faire ces raisonnements à la Lidenbrock. Sérieusement. Cela tenait-il au milieu étrange dans lequel je vivais ? Peut-être.

Pendant quelques jours, des pentes plus rapides, quelques-unes même d’une effrayante verticalité, nous engagèrent profondément dans le massif interne. Par certaines journées, on gagnait une lieue et Lire la suite...

Chapitre XXVII

Je ne puis peindre mon désespoir. Nul mot de la langue humaine ne rendrait mes sentiments. J’étais enterré vif, avec la perspective de mourir dans les tortures de la faim et de la soif.

Machinalement je promenai mes mains brûlantes sur le sol. Que ce roc me sembla desséché !

Mais comment avais-je abandonné le cours du ruisseau ? Car, enfin, il n’était plus là ! Je compris alors la raison de ce silence étrange, quand j’écoutai pour la dernière fois si quelque appel de mes compagnons ne parviendrait pas à mon oreille. Ainsi, au moment où mon premier pas s’engagea dans la route imprudente, je ne Lire la suite...

Chapitre XXVIII

Quand je revins à la vie, mon visage était mouillé, mais mouillé de larmes. Combien dura cet état d’insensibilité, je ne saurais le dire. Je n’avais plus aucun moyen de me rendre compte du temps. Jamais solitude ne fut semblable à la mienne, jamais abandon si complet !

Après ma chute, j’avais perdu beaucoup de sang. Je m’en sentais inondé ! Ah ! combien je regrettai de n’être pas mort ” et que ce fût encore à faire ! ” Je ne voulais plus penser. Je chassai toute idée et, vaincu par la douleur, je me roulai près de la paroi opposée. Lire la suite...

Chapitre XXIX

Lorsque je revins à moi, j’étais dans une demi-obscurité, étendu sur d’épaisses couvertures. Mon oncle veillait, épiant sur mon visage un reste d’existence. À mon premier soupir il me prit la main; à mon premier regard il poussa un cri de joie.

” Il vit ! il vit ! s’écria-t-il.

— Oui, répondis-je d’une voix faible.

— Mon enfant, fit mon oncle en me serrant sur sa poitrine, te voila sauvé ! ” Lire la suite...

Chapitre XXX

D’abord je ne vis rien. Mes yeux, déshabitués de la lumière, se fermèrent brusquement. Lorsque je pus les rouvrir, je demeurai encore plus stupéfait qu’émerveillé.

” La mer ! m’écriai-je.

— Oui, répondit mon oncle, la mer Lidenbrock; et, j’aime à le penser, aucun navigateur ne me disputera l’honneur de l’avoir découverte et le droit de la nommer de mon nom ! ” Lire la suite...

Réalisation : www.redigeons.com - https://www.webmarketing-seo.fr/