Fables Jean de la Fontaine

Les fables Livre 12

Autrefois l’éléphant et le rhinocéros,
En dispute du pas et des droits de l’empire,
Voulurent terminer la querelle en champs clos.
Le jour en était pris, quand quelqu’un vint leur dire
Que le singe de Jupiter,
Portant un caducée, avait paru dans l’air.
Ce singe avait nom Gille, à ce que dit l’histoire.
Aussitôt l’éléphant de croire
Qu’en qualité d’ambassadeur
Il venait trouver sa Grandeur.
Tout fier de ce sujet de gloire, Lire la suite...
Un philosophe austère, et né dans la Scythie,
Se proposant de suivre une plus douce vie,
Voyagea chez les grecs, et vit en certains lieux
Un sage assez semblable au vieillard de Virgile,
Homme égalant les rois, homme approchant des dieux,
Et, comme ces derniers, satisfait et tranquille.
Son bonheur consistait aux beautés d’un jardin.
Le Scythe l’y trouva qui, la serpe à la main,
De ses arbres à fruit retranchait l’inutile,
Ebranchait, émondait, ôtait ceci, cela,
Corrigeant partout la nature, Lire la suite...
Il est un singe dans Paris
A qui l’on avait donné femme.
Singe en effet d’aucuns maris,
Il la battait. La pauvre dame
En a tant soupiré qu’enfin elle n’est plus.
Leur fils se plaint d’étrange sorte,
Il éclate en cris superflus:
Le père en rit: sa femme est morte;
Il a déjà d’autres amours,
Que l’on croit qu’il battra toujours; Lire la suite...
Contre les assauts d’un renard
Un arbre à des dindons servait de citadelle.
Le perfide ayant fait tout le tour du rempart,
Et vu chacun en sentinelle,
S’écria:” Quoi! ces gens se moqueront de moi!
Eux seuls seront exempts de la commune loi!
Non, par tous les dieux, non!” Il accomplit son dire.
La lune, alors luisant, semblait, contre le sire
Vouloir favoriser la dindonnière gent.
Lui, qui n’était novice au métier d’assiégeant,
Eut recours à son sac de ruses scélérates, Lire la suite...
Un renard, jeune encor, quoique des plus madrés,
Vit le premier cheval qu’il eût vu de sa vie.
Il dit à certain loup, franc novice:” Accourez,
Un animal paît dans nos prés,
Beau, grand; j’en ai ma vue encore toute ravie.
– Est-il plus fort que nous? dit le loup en riant.
Fais-moi son portrait, je te prie.
– Si j’étais quelque peintre ou quelque étudiant,
Repartit le renard, j’avancerais la joie
Que vous aurez en le voyant. Lire la suite...
Un bûcheron venait de rompre ou d’égarer
Le bois dont il avait emmanché sa cognée.
Cette perte ne put sitôt se réparer
Que la forêt n’en fût quelque temps épargnée.
L’homme enfin la prie humblement
De lui laisser tout doucement
Emporter une unique branche:
” Il irait employer ailleurs son gagne-temps;
Il laisserait debout maint chêne et maint sapin
Dont chacun respectait la vieillesse et les charmes.” Lire la suite...
A Madame de la SablièreJe vous gardais un temple dans mes vers:
Il n’eût fini qu’avecque l’univers.
Déjà ma main en fondait la durée
Sur ce bel art qu’ont les dieux inventé,
Et sur le nom de la divinité
Que dans ce temple on aurait adorée.
Sur le portail j’aurais ces mots écrits:
PALAIS SACRE DE LA DEESSE IRIS;

Lire la suite...

Tout est mystère dans l’amour,
Ses flèches, son carquois, son flambeau, son enfance:
Ce n’est pas l’ouvrage d’un jour
Que d’épuiser cette science.
Je ne prétends donc point tout expliquer ici:
Mon but est seulement de dire, à ma manière,
Comment l’aveugle que voici
(C’est un dieu), comment, dis-je, il perdit la lumière,
Quelle suite eut ce mal, qui peut-être est un bien;
J’en fais juge un amant, et ne décide rien. Lire la suite...
Aux traces de son sang, un vieux hôte des bois,
Renard fin, subtil et matois;
Blessé par des chasseurs, et tombé dans la fange,
Autrefois attira ce parasite ailé
Que nous avons mouche appelé.
Il accusait les dieux, et trouvait fort étrange
Que le sort à tel point le voulut affliger,
Et le fit aux mouches manger.
” Quoi! se jeter sur moi, sur moi le plus habile
De tous le hôtes des forêts! Lire la suite...
Comme les dieux sont bons, ils veulent que les rois
Le soient aussi: c’est l’indulgence
Qui fait le plus beau de leurs droits,
Non les douceurs de la vengeance:
Prince, c’est votre avis. On sait que le courroux
S’éteint en votre coeur sitôt qu’on l’y voit naître.
Achille, qui du sien ne put se rendre maître,
Fut par là moins héros que vous.
Ce titre n’appartient qu’à ceux d’entre les hommes
Qui, comme en l’âge d’or, font cent biens ici-bas. Lire la suite...

Réalisation : www.redigeons.com - https://www.webmarketing-seo.fr/